C’est bien
beau tout ça mais il faut que je retourne à Faust. Avec les albums du groupe
krautrock homonyme.
On est à la
Cave d’Auerbach à Leipsig. Des joyeux compagnons qui boivent et chantent des
chansons connes. Méphisto veut montrer à Faust qu’il saura maintenant exceller
dans un milieu de ce type où il s’est toujours senti mal-à-l’aise et un peu
jaloux.
Chaque jour est ici pour le peuple une fête
nouvelle ; avec peu d’esprit et beaucoup de laisser aller, chacun d’eux tourne dans son cercle étroit
de plaisirs, comme un jeune chat jouant avec sa queue ; tant qu’ils ne se
plaignent pas d’un mal de tête, et que l’hôte veut bien leur faire crédit, ils
sont contens et sans soucis.
C’est cette
simplicité que Faust enviait, tandis que son serviteur Vagner la méprisait. Les
joyeux lurons sont intrigués en les voyant arriver. Ils essaient de les piéger
pour se payer leurs têtes.
Méphisto dit
à Faust :
Les pauvres gens ne soupçonnent jamais le
diable, quand même il les tiendrait à la gorge.
Plus on est
convaincu de l’existence de Dieu, plus on lui donne la possibilité d’agir dans
notre vie. C’est exactement le contraire pour le diable : moins on croit à son existence, plus il a de lousse pour agir.C'est pourquoi Baudelaire a pu dire que la plus grande victoire du diable a été de convaincre qu'il n'existe pas.
Puis les
convives demandent à Méphisto une chanson. Il s’exécute et fait évidemment
fureur.
Méphisto
fait ensuite son « premier miracle » et reprend celui du Christ lors
des noces de Cana. C'est-à-dire qu’il perce le bord de la table avec un foret
pour en faire sortir le vin qu’il a demandé préalablement aux convives de
choisir.
Débouchez les trous et buvez! (-en
tous?)
Faust veut
s’en aller mais Méphisto le retient par ces mots :
Encore une minute d’attention, et tu vas
voir la bestialité dans toute sa candeur.
(Je ne me
souviens pas ce qui s’en vient, j’ai lu Faust il y a 20 ans. Je suis fébrile….)
Le vin coule
par terre et se transforme en flammes. Panique.
Calme-toi mon élément chéri.
Connerie! Le
feu est à Dieu. Le feu symbolise l’Esprit-Saint. L’élément chéri du diable est
le feu du pourrissement. Il dit d’ailleurs qu’il ne s’agissait que d’une goûte
de feu du Purgatoire, ce qui est une connerie encore plus grosse. Un peu déçu
mon cher Johann Wolfgang.
Quoi qu’il
en soit, la chicane pogne, mais Méphisto leur envoie un sort qui fait en sorte
de confondre leurs esprits. Il fait disparaître l’illusion du vin (ce n’était
qu’une illusion contrairement à Cana) et disparaît avec Faust. Sa malice est
bien rendue dans ce tableau et on éprouve un véritable malaise.
L’acte
suivant est dans la cuisine d’une sorcière.
(Dans un âtre enfoncé, une grosse marmite est sur le feu. À travers la
vapeur qui s’en élève, apparaissent des figures singulières. Une guenon,
assise près de la marmite, l’écume, et veille à ce qu’elle ne répande pas. Le mâle, avec ses petits,
est assis près d’elle, et se chauffe. Les murs et le plafond sont tapissés
d’outils singuliers à l’usage de la Sorcière.)
Faust est
déçu :
Tout cet étrange appareil de sorcellerie me
répugne ; quelles jouissances peux-tu me promettre au sein de cet amas
d’extravagances ?
Non, tu n’as
pas fait une bonne affaire! Cependant, il se demande s’il n’y a pas dans cette
marmite une potion qui pourrait lui ôter 20 ans. Alors ça, ce serait pas mal…
On comprend que c’est bien de cela qu’il s’agit. Puis Faust regarde un miroir
et y voit la plus belle femme qu’il a jamais vue.
Quelque chose de pareil existe-t-il sur la
terre ?
À quoi
Méphisto répond :
Naturellement, quand un Dieu se met à
l’œuvre pendant six jours, et se dit enfin bravo à lui-même, il en doit
résulter quelque chose de passable.
La sorcière
arrive et elle est bien fâchée de voir des intrus chez elle. Elle attaque. Puis
elle reconnait son maître et prend son trou. Elle s’excuse de ne pas l’avoir
reconnu. Elle demande à Méphisto ce qui est advenu de ce qui aurait pu lui
permettre de le reconnaitre. Réponse :
La civilisation, qui polit le monde entier,
s’est étendue jusqu’au diable ; on ne voit plus maintenant de fantômes du
nord, plus de cornes, de queue et de griffes ! Et pour ce qui concerne ce
pied, dont je ne puis me défaire, il me nuirait dans le monde, aussi, comme beaucoup
de jeunes gens, j’ai depuis long-tems adopté la mode des faux mollets.
Quelle mode
d’aujourd’hui a-t-il adopté maintenant? Du Prada?
Elle
l’appelle M. Satan. Réponse :
Point de nom pareil, femme, je t’en prie ! […]
Depuis bien des années il est inscrit au livre des fables ; mais les
hommes n’en sont pas pour cela devenus meilleurs : ils sont délivrés du
malin, mais les malins sont restés.
On appelle
maintenant « maladie mentale » d’évidentes possessions et obsessions
démoniaques.
Il
demande du breuvage pour Faust. La sorcière fait des incantations. Faust est
ennuyé.
Méphisto :
L’homme croit d’ordinaire, quand
il entend des mots, qu’ils doivent absolument contenir une pensée.
On le croit de moins en moins.
Faust boit la potion. Il est temps de partir. Faust veut regarder une
dernière fois l’image de la femme qu’il a vue dans le miroir. Méphisto lui
répond qu’il la verra bientôt en vrai. Puis il ajoute pour lui-même :
Avec cette boisson dans le corps,
tu verras, dans chaque femme, une Hélène.
Il me semble que Chaucer aborde ce thème.
Puis c’est la SECONDE PARTIE
On est dans une rue. Faust voit Marguerite et l’aborde. Elle répond
fièrement et s’enfuit. Faust est sous le charme. Il dit qu’elle est gravée dans
son cœur. Méphisto arrive et Faust lui dit qu’il lui la faut. Réponse :
Celle-là ! Elle sort de chez
son confesseur, qui l’a absoute de tous ses péchés : je m’étais glissé
tout contre sa place. C’est bien innocent ; elle va à confesse pour un
rien ; je n’ai aucune prise sur elle.
Faust le menace. Il se séparera de lui si la douce jeune fille ne
repose pas dans ses bras le soir même. Réponse :
Vous parlez déjà presque comme un
Français ; cependant, je vous prie, ne vous chagrinez pas. À quoi sert-il
d’être si pressé de jouir ?
Il accepte quand même de mener Faust jusqu’à sa chambre.
Et je dois la voir, la posséder?
Combien de grands génies de ce siècle et du siècle passé étaient par
ailleurs des gros cochons? Flaubert,
Picasso, Hugo, Gainsbourg, Miller (Hein? Non pas Arthur, Henri)… L’archétype
de l’intellectuel moderne, dis-je… La figure du roi Salomon me vient aussi en
tête, mais c’était une autre époque. Seigneur gardez-moi du blasphème…
L’acte suivant est le soir même, dans la chambre bien propre et bien
rangée de Marguerite. On voit qu’elle n’a pas été indifférente à ce monsieur
qui l’a abordée ce matin. Quant à ce dernier, c’est bien évidemment la pureté
et la modestie qui le charment le plus
chez Marguerite. Rage démoniaque de souiller ce qui est pur, comme dans les Liaisons dangereuses…
Méphisto est allé chercher un cadeau pour Marguerite. Ils le laissent
dans la chambre et sortent. Marguerite entre (elle était dans une chambre
adjacente) et est frappée par la lourdeur de l’air. Elle se déshabille en
chantant. Elle trouve la boîte et l’ouvre. De beaux vêtements et de beaux
bijoux. Elle s’en pare et est éblouie. Difficile avec ce que j’ai vécu hier de
ne pas penser aux cadeaux que ferait un pimp à une jeune fille qu’il voudrait
recruter.
Acte suivant. Méphisto et Faust se promènent. Méphisto est enragé Faust
lui demande ce qui lui prend. Réponse :
Pensez donc qu’un prêtre a raflé
la parure offerte à Marguerite.
La mère de la jeune fille, capable de flairer ce qui est saint et ce
qui est maudit a senti le danger. Faust exige un nouveau présent. Il n’aura
qu’à s’attacher la meilleure amie de la belle. Coudonc, les pimps ont-ils lu
Faust? L’amie en question s’appelle Marthe. La première chose qu’on apprend
d’elle, c’est qu’elle s’est fait domper par son mari sans l’avoir mérité. Peine
d’amour : proie facile. Marguerite entre et dit à son ami qu’elle a trouvé
un nouveau coffre dans sa chambre. Il convient cette fois de ne pas en parler à
la mère. Une parure grandiose. Trop pour qu’elle puisse le porter en public. Qu’à
cela ne tienne, elle viendra chez son amie Marthe pour s’en parer à loisir.
Méphisto frappe et entre. Il dit à Marthe que son mari est mort et que
sa dernière demande a été de faire dire trois cent messes pour lui. Marthe
déçue se serait attendu à un bijou ou une médaille…
[Tiens, je vais essayer le disque de Faust avec Tony Conrad]
Après lui avoir conseillé de se prendre un amant, Méphisto rapporte les
paroles de regret du mari qui demandait pardon à sa femme. Cette dernière,
évidemment, lui pardonne tout.
« Mais, Dieu le sait, elle
en fut plus coupable que moi ! »aurait dit le mari avant de
mourir.
Marthe est outrée. Méphisto ajoute :
Il en contait sûrement à son
agonie, si je puis m’y connaître. « Je n’avais, dit-il, pas le tems de
bâiller ; il fallait lui faire d’abord des enfans, et ensuite lui gagner
du pain..... quand je dis du pain, c’est dans son acception la plus étendue, et
je n’en pouvais manger ma part en paix. »
Puis Méphisto dit à Marthe que son mari a engrangé une fortune mais
qu’il ne sait pas où elle se trouve. Cependant, quelqu’un le sait peut-être. Il
s’agit de son ami. Il demande s’il lui est permis de leur présenter.
[Je vais plutôt aller voir Faust Tapes]
Elles acquiescent et on se donne rendez-vous dans le jardin.
Acte suivant. Le boniment a été un succès. Marguerite proteste qu’un
homme aussi distingué que lui ne devrait pas s’intéresser à une simple paysanne
comme elle. Faust répond par un boulechitage en règle qui a visiblement l’effet
escompté et ce, même s’il a essayé précédemment de convaincre Méphisto qu’il
était sincère et qu’il brûlait vraiment d’amour pour elle.
Mais là je dois arrêter, mes deux plus vieilles ont terminé leur sieste
d’après-midi. Suite plus tard…
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