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lundi 5 août 2013

Croire qu'on sait

M. Joseph Facal n'est pas convaincu. On comprend qu'il n'en a pas du tout envie. Les raisonnements qu'il défend dans son article d'aujourd'hui sont d'une pauvreté et d'une mauvaise foi ahurissantes, venant d'un homme de cette stature. Je comprends qu'on puisse ne pas croire. Ce qui m'étonne c'est de voir autant de gens, par ailleurs brillants, parvenir à défendre des sophismes aussi grossiers lorsque vient le temps de parler de la foi. Qu'un homme comme Joseph Facal puisse avaler les non-arguments d'un Richard Dawkins sans même grimacer me renverse toujours. Il y en a des arguments valables pour défendre l'idée de l'inexistence de Dieu, mais ce ne sont presque jamais ceux-là qui sont présentés. Ce sont toujours des actes de foi tellement gigantesques que le concept de transsubstantiation a l'air, à côté, d'une évidente banalité. Qu'ils parviennent à prendre ces actes de foi pour des faits indiscutables, fruits d'un raisonnement scientifique rigoureux et implacable, a quelque chose qui tient de l'inexplicable.

J'ai quand même renvoyé ceci à M. Facal:

"Bonjour,


Je ne comprends pas vos objections. « Soit Dieu agit, soit il n’agit pas. » Vous êtes un père de famille, vous devriez comprendre. Parfois il convient de sévir, et parfois non. Parfois il faut faire preuve de souplesse, parfois de fermeté. Parfois on achète la bebelle que l’enfant nous demande et parfois non. Un temps pour chaque chose. Si l’homme est libre, on peut concevoir que Dieu le soit aussi.

Par ailleurs, vous dites que la probabilité que Dieu existe est plus petite que celle qu’il n’existe pas. Il s’agit d’un postulat que Dawkins martèle à maintes reprises dans son livre, et qu’il n’appuie sur absolument rien. À force de se le faire répéter, on finit par le croire, surtout si elle provient d’un « grand scientifique » habitué de faire reposer ses conclusions sur un raisonnement solide et élaboré de bonne foi. Ce n’est pas le cas avec Dawkins. Son ouvrage est parsemé d’actes de foi qu’il présente comme des conclusions obtenues des suites d’une rigoureuse observation des faits. Sa méthode consiste essentiellement à faire croire au lecteur qu’il sait : la fameuse double ignorance socratique. Tandis que l’acte de foi honnête et lucide consiste à savoir qu’on croit. Honnêtement, je suis étonné que la malhonnêteté intellectuelle dans God Delusion ne vous soit pas apparue plus flagrante.

Finalement vous écrivez : « le non-croyant qui s’interroge est plus rassurant que le croyant qui ne questionne jamais les fondements de sa foi. » Parce qu’il n’y a que ces deux alternatives? Il peut être bon de savoir que le « saut de la foi », pour reprendre l’expression de Kierkegaard, ne signifie pas qu’on cesse de s’interroger sur les fondements de quoi que ce soit, surtout pas de la foi. Saint Augustin n’a pas mis son cerveau à off après sa conversion. J’ajoute qu’il m’est arrivé quelques fois de rencontrer des non-croyants qui s’interrogeaient assez peu sur les fondements de leur incroyance (ou sur l’absence de fondement de leur croyance, c’est selon). Une fois qu’ils avaient dit : « C’est d’la marde tout ça », il ne se passait plus grand-chose.

Ce n’est pas votre cas et je souhaite de tout cœur que votre quête vous mène à bon port!"



Je ne sais pas s’il a saisi l’euphémisme « il m’est arrivé quelques fois… » C’est en réalité ce qui se produit avec 90% des gens que je rencontre.

mercredi 31 juillet 2013

Lettre à Joseph Facal

M. Jospeh Facal, que j'apprécie généralement, nous dit ce matin qu'il n'a jamais été convaincu par les croyants qui voulaient le convaincre de l'existence de Dieu. Son article ressemble à une mise au défi. Je me suis donc lancé. Je lui ai envoyé ceci à son adresse personnelle.



"L’autre jour en rentrant du travail, j’ai dit spontanément à ma femme ceci : « Tout a bien été au retour, je n’ai pas vu d’accident, les autos respectaient les limites de vitesse, j’ai entendu très peu de klaxon et je n’ai vu personne passer sur la rouge. » Elle m’a regardé d’un air bizarre… Si je lui avais dit : « Il y a eu un accident à la hauteur de Seigneuriale qui a causé un embouteillage monstre », elle m’aurait posé des questions, demandé des détails… On ne voit pas le miracle continuel. Qu’il soit suspendu une fraction de seconde devrait nous permettre d’en prendre conscience et de l’apprécier. Mais on préfère réagir en le niant dans son entièreté, comme un enfant qui fait la baboune.

D’autre part, on ne fonde pas une civilisation millénaire dominante sur de la frime. Si c’est de la frime, l’édifice ne tient pas. Surtout pas un édifice de cette ampleur. D’ailleurs vous remarquerez la tendance de bien des penseurs de la gauche athée à nier la grandeur de l’édifice (je parle toujours de la civilisation occidentale), question de pouvoir en déprécier les fondements. À partir du moment où l’on dit, comme vous et comme moi, que la civilisation occidentale est une grande chose, qu’elle est peut-être la plus grande de toute l’histoire humaine,  il devient difficile de dire que ses piliers reposent sur du vent. Surtout lorsque tout ce que cette civilisation a fait d’unique (invention de l’hôpital et de université, élévation des cathédrales, création du solfège et de la musique rock, conservation du patrimoine littéraire antique, démocratie au sens noble…) n’ont été que des effets secondaires de l’action de gens qui voulaient d’abord s’adonner à la louange de Dieu. Martin Luther King le disait lui-même : « la politique m’ennuie profondément; Dieu seul m’intéresse! »  Les discours qu’il tenait n’étaient pas des plaidoyers politiques mais des commentaires de la Bible. L’expression « On peut juger un arbre à ses fruits » signifie qu’on ne verra jamais l’arbre parce qu’il se trouve dans un autre ordre de réalité. Certes je crois en Dieu. Mais je crois aussi que le mensonge et l’illusion ne peuvent pas donner des fruits de cette qualité pendant un nombre aussi considérable de siècles."