Steve E. Fortin, dans un article du Huffington Post, répond aux propos méprisants d'une dénommée Bederman qui a écrit Is Quebec Good Enough for Canada?
La défense de M. Fortin n'est pas mauvaise, mais elle pourrait être meilleure si elle ne se limitait pas à une vision réductrice de notre identité nationale.
D'abord, il y a l'idée que le Québec, en tant que province, constitue une nation. Non, ce n'est pas la province, fiction juridique crée en 1867, qui constitue une nation, mais bien le peuple canadien-français, cette nation industrieuse née sur les rives du Saint-Laurent, autrefois consciente de sa mission en tant que peuple, vertueuse, fière et passionnée. On leur a piqué le nom "canadien" dans une tentative de diluer leur identité. La plupart d'entre nous sommes encore conscients que la fédération comporte deux peuples fondateurs, même si cette idée n'est plus reconnue par l'autre peuple qu'on appelait autrefois les Anglais, par opposition à nous-mêmes qu'on appelait les Canadiens. L'existence de deux peuples est non seulement une réalité historique mais aussi une réalité présente. Le Canada, par définition, est une sorte d'alliance entre deux peuples. Si l'alliance est rompue par un peuple qui écarte l'autre, il n'a pas plus le droit de s'appeler le Canada que l'autre. D'ailleurs, si l'un des deux peuples a plus le droit au nom Canada, c'est bien le peuple canadien-français.
Mais la confusion créée par l'appropriation du nom de notre nation n'a aucune commune mesure avec la confusion crée par la question linguistique.
Tout aussi artificiellement qu'on a décidé de lier l'identité de notre peuple à une division territoriale, on a tenté de lier son identité presque exclusivement à une langue. Cette tentative a eu beaucoup de succès, parce qu'elle est fondée sur une demi-vérité; la langue constitue en effet l'un des deux éléments principaux de notre identité nationale. L'erreur est d'insister uniquement sur la langue au détriment des autres facteurs identitaires.
La vérité historique est que notre identité n'est pas fondée uniquement sur la langue et encore moins sur la province. Elle est fondée sur un patrimoine culturel qui comporte de nombreux éléments distinctifs et dont l'autre élément prédominant est la religion catholique. Que l'on soit croyant ou non, toute tentative de nier cette réalité équivaut à une attaque en règle contre notre véritable identité nationale. Même des soi-disant nationalistes s'y livrent, par ignorance ou par idéologie athée.
Un vrai nationaliste, même athée, ne doit pas occulter notre héritage catholique. Un grand nombre de nos nationalistes souffrent d'un grave problème d'estime d'eux-mêmes, s'acharnant à détruire l'une des plus importantes caractéristiques de leur propre identité, comme un léopard qui voudrait effacer ses taches. Que la question du crucifix à l'Assemblée nationale soit même un sujet de débat démontre à quel point nous souffrons de schizophrénie collective sur cette question.
Depuis quarante ans on s'affaire à effacer cet aspect de notre identité au nom d'une idéologie laïque qui n'a rien à voir avec le nationalisme et qui ne cherche pas les meilleurs intérêts de notre peuple. On a réussi en grande partie à s'imposer une amnésie collective qui conduit à nous ignorer nous-mêmes. Mais tout n'est pas perdu: on peut conserver ce que l'on possède encore de cet héritage. Je ne parle pas d'une reconversion massive à la foi catholique, mais simplement de mettre fin à cette manie de vouloir systématiquement effacer toutes les traces du catholicisme, comme la situation absurde d'un gouvernement qui nous interdit d'expliquer la signification de la crèche sous le sapin de Noël dans les garderies.
Incidemment, en insistant uniquement sur la langue dans un effort d'effacer le catholicisme de notre conscience, on appauvrit notre identité eu égard à d'autres aspects, sans même le vouloir. Si on adopte cette notion réductrice de notre identité, toute personne qui vit à l'intérieur de nos frontières provinciales et qui parle français peut prétendre être membre de la "nation québécoise" sans égard à ses origines ethniques, pourvu qu'elle soit capable de parler le joual. Encore une fois, on occulte le fait que notre nation a le sang français, irlandais et amérindien, qui est l'une des caractéristiques fondamentales de notre identité nationale.
À la question "le Québec est-il digne de demeurer au Canada", nous devons refuser de répondre puisqu'elle repose sur une fausse prémisse. La province est un simple instrument juridique d'un peuple d'une dignité égale à celle de l'autre peuple fondateur, dignité qui demeure sans égard à l'existence de la fédération crée en 1867. La vraie question qu'il faut se poser est la suivante: sommes-nous dignes d'un héritage si riche et précieux?
Ça aura été peut-être la tâche ingrate de ma vie, pour m'exprimer à la façon de Péguy, de "dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, de dire bêtement la vérité bête, ennuyeusement la vérité ennuyeuse, tristement la vérité triste" - Lionel Groulx
mercredi 31 juillet 2013
Le Québec est-il digne de son héritage?
Lettre à Joseph Facal
M. Jospeh Facal, que j'apprécie généralement, nous dit ce matin qu'il n'a jamais été convaincu par les croyants qui voulaient le convaincre de l'existence de Dieu. Son article ressemble à une mise au défi. Je me suis donc lancé. Je lui ai envoyé ceci à son adresse personnelle.
"L’autre jour en rentrant du travail, j’ai dit spontanément à ma femme
ceci : « Tout a bien été au retour, je n’ai pas vu d’accident, les
autos respectaient les limites de vitesse, j’ai entendu très peu de klaxon et
je n’ai vu personne passer sur la rouge. » Elle m’a regardé d’un air
bizarre… Si je lui avais dit : « Il y a eu un accident à
la hauteur de Seigneuriale qui a causé un embouteillage monstre », elle
m’aurait posé des questions, demandé des détails… On ne voit pas le miracle
continuel. Qu’il soit suspendu une fraction de seconde devrait nous permettre
d’en prendre conscience et de l’apprécier. Mais on préfère réagir en le niant
dans son entièreté, comme un enfant qui fait la baboune.
D’autre part, on ne fonde pas une civilisation millénaire dominante
sur de la frime. Si c’est de la frime, l’édifice ne tient pas. Surtout pas un
édifice de cette ampleur. D’ailleurs vous remarquerez la tendance de bien des
penseurs de la gauche athée à nier la grandeur de l’édifice (je parle toujours
de la civilisation occidentale), question de pouvoir en déprécier les
fondements. À partir du moment où l’on dit, comme vous et comme moi, que la
civilisation occidentale est une grande chose, qu’elle est peut-être la plus
grande de toute l’histoire humaine, il
devient difficile de dire que ses piliers reposent sur du vent. Surtout lorsque
tout ce que cette civilisation a fait d’unique (invention de l’hôpital et de
université, élévation des cathédrales, création du solfège et de la musique
rock, conservation du patrimoine littéraire antique, démocratie au sens noble…)
n’ont été que des effets secondaires de l’action de gens qui voulaient d’abord
s’adonner à la louange de Dieu. Martin Luther King le disait lui-même : « la
politique m’ennuie profondément; Dieu seul m’intéresse! » Les discours qu’il tenait n’étaient pas des
plaidoyers politiques mais des commentaires de la Bible. L’expression « On
peut juger un arbre à ses fruits » signifie qu’on ne verra jamais l’arbre
parce qu’il se trouve dans un autre ordre de réalité. Certes je crois en Dieu.
Mais je crois aussi que le mensonge et l’illusion ne peuvent pas donner des
fruits de cette qualité pendant un nombre aussi considérable de siècles."
mardi 30 juillet 2013
Faust et le renversement de la raison
Contrairement
à Job, Faust échoue lamentablement. Est-ce parce que sa souffrance est plus grande
que celle de Job? Après tout, c’est Dieu lui-même qui le donne au démon en
exemple. Job a perdu toute sa famille des suites de catastrophes du genre de
celle de Mégantic. Après ça, il a eu le corps recouvert d’ulcères purulents au
point ou il devait se gratter avec des tessons de bouteille. La goutte qui
passe proche de faire déborder le vase est la condescendance imbécile mais
compréhensible de ses amis qui prétendent savoir quelles sont les
intentions et les raisons d’agir de l’Éternel.
Tellement
d’injustices en ce monde. Tellement d’innocentes victimes de morts atroces,
tandis que c’est de rire que les pires trous du'c finissent par crever. Devant
l’incurie de la justice terrestre (une joke de plus en plus risible) on
comprend que des faibles d’esprit s’imaginent une justice divine (une justice
de l’arrière monde dirait Maître Onfray) qui viendrait tout rééquilibrer. Seuls
ceux qui peuvent prétendre à la surhumanité sont capables de fonctionner avec
l’évidence de cette injustice et du chaos qui règnent sur le monde.
Bien sûr!
Je me
rappelle une prof de littérature qui nous disait sans rire que la conscience
était un voile que l’on se plaçait devant les yeux pour ne pas voir le chaos,
question de pouvoir continuer à vivre… Ce qui est drôle avec ces gens c’est qu’ils
vont s’empresser d’évoquer la science pour affirmer la vétusté de la religion… La
science dont l’existence même est absolument incompatible avec ce chaos qu’ils
situent au fondement du monde.
Faust est un
scientifique… Un scientifique assez intelligent pour ne pas tomber dans un
piège aussi jambon. Pourquoi succombe-t-il? C’est une question importante car
Faust est l’archétype parfait de l’intellectuel moderne.
La réalité
des souffrances ne fait pas succomber Job mais la perspective des jouissances
fait tomber Faust. Ce dernier ne veut pas seulement décrire la réalité, il veut
pouvoir la changer. Il connait la vérité mais elle ne lui convient pas. Il faut
donc en changer les bases. Une vie chargée de plaisirs n’est pas compatible
avec la vérité de l’homme, c’est-à-dire avec ce qui lui permet de
« devenir ce qu’il est ». Il faut donc changer cette vérité, et tel
est le désir de Faust.
Moi,
l’image de la divinité, qui me croyais déjà parvenu au miroir de l’éternelle
vérité ; qui, dépouillé, isolé des enfans de la terre, aspirais à toute la
clarté du ciel ; moi qui croyais, supérieur aux chérubins, pouvoir
confondre mes forces indépendantes avec celles de la nature, et, créateur
aussi, jouir de la vie d’un Dieu, ai-je pu mesurer mes pressentimens à une
telle élévation ?...
Les
philosophes grecs de l’Antiquité s’élaboraient une métaphysique pour justifier
leurs comportements. L’homme moderne ne veut pas d’une foi qui le brime dans sa
recherche de plaisirs. Il se tourne donc vers des « sages » qui
puissent lui fournir une métaphysique compatible avec cette recherche. Faust
est la figure qui a justifié une telle recherche. Qu’un scientifique -- un sage
parvenu à l’extrémité de la connaissance de son temps -- soit prêt à donner son
âme en échange de biens aussi vulgaires vient marquer une étape. Plein de
pseudo-Faust vont s’engager à sa suite. Ils vont vouloir, eux-aussi, changer
les fondements du monde. Les meilleurs d’entre eux ne sont pas dupes. Ils
savent qu’une telle vie mène au néant. Il va rester à glorifier ce néant duquel
tout peut surgir, comme du chapeau d'un magicien.
D’ailleurs arrivé
au bout de la connaissance, deux choix s’offrent à Faust : la foi ou la
magie. Soit on se plie à la réalité du monde pour le transcender et rejoindre
Dieu, soit on plie le monde à notre réalité pour en être le dieu. Comme disait
Léon Bloy : « Au fond, l'orgueil, à tous les niveaux,
consiste à croire qu'on est Dieu et qu'on a
créé le monde. » Un monde avec une métaphysique
qui admette les comportements que l’on veut adopter selon ce que notre instinct
nous commande. La raison est au service de l’instinct. Telle est
maintenant sa seule justification.
Saint Jean Baptiste
Vous aurez
compris, à la lecture du texte de mon collègue, que Daniel sera le franc-tireur
du groupe… Moi je suis trop vieux… À moins qu’on me cherche vraiment… Mais même
alors, je m’efforce à ce que les préceptes de tendre l’autre joue et d’aimer
mes ennemis prennent le dessus.
Cela dit, il faut
voir ce qu’il y a derrière ces principes. On a beau dire, ce n’est pas parce
qu’on est catho pratiquant qu’on n’a jamais de doutes quant au chemin sur
lequel on s’engage. Aussi, je ne vois guère d’approbation divine plus manifeste
que de se faire insulter par des gens comme ceux dont Daniel parle dans son
article.
Une définition
du péché serait l’action qui consiste à se réjouir de ce dont on devrait
s’attrister et de s’attrister de ce dont on devrait se réjouir. Une preuve de
la Chute est la souffrance que l’on éprouve de la calomnie des incultes. Elle
ne devrait pas seulement nous laisser indifférent, mais nous procurer une
satisfaction raffinée et pure. Surtout quand elle n’est pas recherchée
d’emblée.
« Ok,
vous venez de lire ça? Alors voilà ce qu’on va faire, on ne va pas réagir à
leurs âneries et on va simplement les ignorer et laisser leur blogue merdique se
perdre dans le néant cybernétique parmi des millions d’autres! »
C’est
pourquoi je demande que l’on place ce blogue sous le patronage de saint Jean
Baptiste. C’est qu’il y a bien des chances que nous soyons, nous aussi, en
train de prêcher dans le désert. Désert cybernétique d’abord, comme ils diraient…
Désert spirituel ensuite : Le Québec actuel. Un désert qui n’est certes
pas moins aride que celui de la Palestine d’il y a 20 siècles, vous en
conviendrez. Saint Jean Baptiste est aussi le saint parton des
Canadiens-français… Ça devrait faire plaisir à un
démocrate-et-souverainiste-québécois.
Cette vieille église rétrograde
Beaucoup de personnes sont remplies d'espoir face à un pape qui pourrait, enfin, leur donner ce qu'ils veulent. Partout je vois des titres racoleurs : Le pape François ne juge pas les homosexuels; Remariage des divorcés : le Pape veut faire évoluer la position de l'Église; le Pape demande aux jeunes de secouer l'Église, etc.
On entrevoit la possibilité d'obtenir quelque chose. Mais que veut-on, au juste?
D'un souffle, on se permet de donner la recette qui réglera tous les problèmes de l'Église : ordination des femmes, mariage des prêtres, l'acceptation de l'avortement, etc. Si l'Église ne répond plus aux attentes des gens, dit-on, c'est qu'elle n'est plus en ligne avec leurs valeurs et aspirations.
De l'autre souffle, on dit que la religion est une superstition rétrograde fondée sur des mythes, que l'Église catholique est un dinosaure qui doit accepter son sort, que la religion n'a plus sa place dans un monde moderne.
Quand on met les deux affirmations côte-à-côte, on voit que ce qu'on demande de l'Église catholique, c'est de cesser d'être religieuse. Les positions controversées de l'Église sont fondées dans ce qu'elle croit être une révélation divine. Il est normal que ceux qui ne croient pas à la révélation divine n'acceptent pas ces croyances. Donc, ce qu'on voudrait, c'est que l'Église se rallie à cette incroyance et qu'elle abandonne cette idée farfelue de révélation divine.
Manifestement, si l'Église ne répond plus aux attentes, c'est que les gens ne croient plus au christianisme que l'Église a pour unique mission de communiquer. Alors pourquoi s'ingérer dans les affaires internes de l'Église comme si elles les concernaient? Qu'ils assument leur incrédulité, qu'ils se bornent à dire que la révélation n'existe pas et que le christianisme est faux.
Le problème fondamental de l'Église n'est pas qu'elle n'a pas suivi la modernité, c'est que la modernité a abandonné le christianisme. L'Église ne peut jamais être autre chose que chrétienne. Or on voudrait que l'Église abandonne le christianisme, ce qui revient à dire qu'elle devrait se suicider.
Ces personnes qui sont remplies d'espoir à voire un pape qui pourrait enfin leur donner ce qu'elles veulent seront déçues si elles pensent que le pape va initier le suicide de l'Église.
On entrevoit la possibilité d'obtenir quelque chose. Mais que veut-on, au juste?
D'un souffle, on se permet de donner la recette qui réglera tous les problèmes de l'Église : ordination des femmes, mariage des prêtres, l'acceptation de l'avortement, etc. Si l'Église ne répond plus aux attentes des gens, dit-on, c'est qu'elle n'est plus en ligne avec leurs valeurs et aspirations.
De l'autre souffle, on dit que la religion est une superstition rétrograde fondée sur des mythes, que l'Église catholique est un dinosaure qui doit accepter son sort, que la religion n'a plus sa place dans un monde moderne.
Quand on met les deux affirmations côte-à-côte, on voit que ce qu'on demande de l'Église catholique, c'est de cesser d'être religieuse. Les positions controversées de l'Église sont fondées dans ce qu'elle croit être une révélation divine. Il est normal que ceux qui ne croient pas à la révélation divine n'acceptent pas ces croyances. Donc, ce qu'on voudrait, c'est que l'Église se rallie à cette incroyance et qu'elle abandonne cette idée farfelue de révélation divine.
Manifestement, si l'Église ne répond plus aux attentes, c'est que les gens ne croient plus au christianisme que l'Église a pour unique mission de communiquer. Alors pourquoi s'ingérer dans les affaires internes de l'Église comme si elles les concernaient? Qu'ils assument leur incrédulité, qu'ils se bornent à dire que la révélation n'existe pas et que le christianisme est faux.
Le problème fondamental de l'Église n'est pas qu'elle n'a pas suivi la modernité, c'est que la modernité a abandonné le christianisme. L'Église ne peut jamais être autre chose que chrétienne. Or on voudrait que l'Église abandonne le christianisme, ce qui revient à dire qu'elle devrait se suicider.
Ces personnes qui sont remplies d'espoir à voire un pape qui pourrait enfin leur donner ce qu'elles veulent seront déçues si elles pensent que le pape va initier le suicide de l'Église.
lundi 29 juillet 2013
Notes de lecture sur Faust
Donc je me
prends au mot (voir article précédent) et décide de consacrer trois heures de
ma journée à la lecture de Faust. Ce que vous trouverez dans ce post, ce sont
les notes que j’ai prises au cours de ces trois heures. Comme tous les
classiques, on le trouve aisément en ligne (dans la traduction de Nerval, yé!)
Je vais également sur Youtube et je me mets le premier album de Faust, le
groupe krautrock allemand. Bref, le bonheur total.
Ce qui va
donc suivre consiste donc en des notes de (3 h de) lecture. J’en ai pour 11 pages sur Word en Calibri 11.
J’aime mieux vous avertir d’avance. Le prochain post sera une réflexion plus
approfondie à partir de ces notes. Vous pouvez y passer immédiatement et
laisser faire ce message-ci…
dimanche 28 juillet 2013
La science comme croyance
Le 26 juillet dernier, David Doyon, "démocrate et souverainiste québécois", a publié dans le Huffington Post un texte peu original dont je reproduis certains extraits pour les commenter.
Des faits, vraiment?
Les croyants ont une idée maîtresse qui est le principe de toute leur connaissance. Cette idée est Dieu, dont l'existence peut être démontrée par la raison seule (par exemple, les cinq preuves de Thomas d'Aquin). Il en découle que toute chose qui existe doit son existence à la Première Cause: un Dieu créateur.
Un "réaliste" comme ce David Doyon nous arrive, nous affirme certaines choses qu'il prétend connaître grâce à ce qu'il appelle la science. Il sait que Dieu n'a rien créé. C'est un fait établi.
Quelle est son idée maîtresse, le principe de sa connaissance? Il s'appuie sur ce qu'il appelle la science. Ou plutôt sur ce qu'il a entendu dire de la science. On comprend que ce David Doyon ne connaît probablement rien à la science, mais place toute sa confiance en ceux qui lui rapportent ce que la science aurait supposément découvert. Lui, personnellement, n'en sait absolument rien. Il n'a rien constaté de ses deux yeux, il n'a jamais vu son poisson rouge évoluer en lézard. Bref, il est dans le noir, mais il a décidé de croire les gens qui l'entourent et qui lui ont dit que l'évolution a créé l'homme.
Lequel des deux fondements vous paraît le plus solide? D'un côté vous avez la pure et infaillible logique de Saint Thomas, qui démontre sans la moindre possibilité de doute que Dieu existe. Si Dieu existe, il a tout créé, y compris l'homme. De l'autre côté, vous avez des rumeurs de gens qui connaissent des gens qui auraient supposément constaté des choses avec leurs cinq sens et sont arrivés à des conclusions assez étonnantes sur l'origine de la vie, par ailleurs facilement réfutées par la raison, en l'occurrence la mathématique qui nous dit que les probabilités que la vie soit apparue "au hasard" sont celles d'une impossibilité statistique.
Gageons que les "faits" de David Doyon, démocrate et souverainiste québécois (ce qui revient à dire: ti-casse ordinaire), auraient été bien autres s'il avait été Américain avec des parents républicains, ou s'il s'était appelé Nasser ibn Djebil, né en Arabie Saoudite. Il a simplement gobé tout rond ce qu'on lui a servi à l'école et à l'émission Découverte, sans se poser de questions.
Quand on se met à se poser des questions, on vient à comprendre qu'on ne sait à peu près rien, sauf ce qui nous est révélé.
De plus en plus, la politique se polarise. Je dirais même qu'elle se radicalise. Aux États-Unis, les républicains renient la science parce que ce qu'elle affirme ne correspond pas à ce que les membres de ce parti aiment croire. On est dans les croyances. Exit les faits. Les changements climatiques? C'est quoi ça?... La théorie de l'évolution de Darwin? C'est n'importe quoi, on le sait...
Bref, on préfère les illusions climato-sceptiques et créationnistes aux faits.
L'opinion est aussi importante que la réalité.
[...]
La Terre est ronde. Les changements climatiques, ce n'est pas du vent. L'Homme est devenu ce qu'il est par l'évolution; il n'est pas arrivé comme tel grâce à la création de Dieu... Il y a encore des faits. Et on ne s'intéresse plus à l'Histoire. L'Histoire est la gardienne des faits. Qui a dit que si nous ne savons pas d'où nous venons, nous ne saurons pas où s'en aller?
Des faits, vraiment?
Les croyants ont une idée maîtresse qui est le principe de toute leur connaissance. Cette idée est Dieu, dont l'existence peut être démontrée par la raison seule (par exemple, les cinq preuves de Thomas d'Aquin). Il en découle que toute chose qui existe doit son existence à la Première Cause: un Dieu créateur.
Un "réaliste" comme ce David Doyon nous arrive, nous affirme certaines choses qu'il prétend connaître grâce à ce qu'il appelle la science. Il sait que Dieu n'a rien créé. C'est un fait établi.
Quelle est son idée maîtresse, le principe de sa connaissance? Il s'appuie sur ce qu'il appelle la science. Ou plutôt sur ce qu'il a entendu dire de la science. On comprend que ce David Doyon ne connaît probablement rien à la science, mais place toute sa confiance en ceux qui lui rapportent ce que la science aurait supposément découvert. Lui, personnellement, n'en sait absolument rien. Il n'a rien constaté de ses deux yeux, il n'a jamais vu son poisson rouge évoluer en lézard. Bref, il est dans le noir, mais il a décidé de croire les gens qui l'entourent et qui lui ont dit que l'évolution a créé l'homme.
Lequel des deux fondements vous paraît le plus solide? D'un côté vous avez la pure et infaillible logique de Saint Thomas, qui démontre sans la moindre possibilité de doute que Dieu existe. Si Dieu existe, il a tout créé, y compris l'homme. De l'autre côté, vous avez des rumeurs de gens qui connaissent des gens qui auraient supposément constaté des choses avec leurs cinq sens et sont arrivés à des conclusions assez étonnantes sur l'origine de la vie, par ailleurs facilement réfutées par la raison, en l'occurrence la mathématique qui nous dit que les probabilités que la vie soit apparue "au hasard" sont celles d'une impossibilité statistique.
Gageons que les "faits" de David Doyon, démocrate et souverainiste québécois (ce qui revient à dire: ti-casse ordinaire), auraient été bien autres s'il avait été Américain avec des parents républicains, ou s'il s'était appelé Nasser ibn Djebil, né en Arabie Saoudite. Il a simplement gobé tout rond ce qu'on lui a servi à l'école et à l'émission Découverte, sans se poser de questions.
Quand on se met à se poser des questions, on vient à comprendre qu'on ne sait à peu près rien, sauf ce qui nous est révélé.
Damnation de Faust
Je rêve d’un
Québec (et d’un Occident) décomplexifié dans lequel on pourrait parler de
Rolland Giguère et de saint Jean Chrysostome dans la même phrase sans que ça
sonne bizarre. Un Québec où aller à Sainte-Anne-de-Beaupré ne serait pas plus
bizarre qu’aller à Expo-Québec. J’imagine des conversations du genre :
« Salut Big, on va se prendre une pinte au Bal du Lézard? – Cool, je vais
à la messe de 10h à Saint-Zéphirin et je te rejoins. » « On va aux
Remparts à soir? – Ok, viens me chercher dans une demi-heure, le temps que je
finisse mon chapelet. »J’ai une discussion intéressante sur le
libre-arbitre avec un jeune philosophe et j’évoque saint Augustin qui me semble
avoir dit des choses un peu significatives sur le sujet. Je le vois se
rembrunir… La discussion est terminée. Pourquoi? Parce que je voulais
l’évangéliser sans aucun doute. Il veut garder son indépendance d’esprit, qu’il
confond sans doute avec le néant. On est loin des philosophes de l’Aréopage qui
écoutaient saint Paul avec plaisir… Ils avaient tous leur philosophie qu’ils
avaient pris un long moment à élaborer… Une philosophie qu’ils croyaient assez
solide pour résister aux contradictions d’une autre. Personnellement j’adore
avoir des discussions avec des athées. Ça me permet de mettre mes croyances à
l’épreuve. Elles n’en sortent généralement que plus renforcées. Il semble
malheureusement que ce ne soit pas réciproque et je n’ai presque jamais de
conversations philosophiques avec des athées.
Pourquoi? Parce qu’ils n’ont généralement rien à opposer à… À quoi? Je vais dire que
saint Augustin est l’un des trois ou quatre plus grands philosophes de
l’Occident, ce que nombre d’universitaires athées admettent volontiers, et donc
que ce qu’il a écrit sur un sujet très chaud ces temps-ci (après le jugement
dans l’affaire Turcotte par exemple) est digne de considération.
C’est vrai
en philosophie, c’est vrai en art. On présente la Damnation de Faust à la salle Louis Fréchette cet après-midi, dans
une mise en scène de Robert Lepage. Je viens de voir les photos dans le journal
et ça semble grandiose. De quoi vont parler les gens qui vont en sortir? Tentative
d’estimation : 80% vont parler des décors et des effets spéciaux, 40% vont
parler de la musique (si j’ai dépassé 100%, c’est parce que l’un n’exclut pas
l’autre), 15% vont parler du texte de Goethe dans ses grandes lignes et 2% vont
parler des fondements métaphysiques et bibliques du texte. Pourtant ces
fondements sont l’essentiel de l’œuvre et les enrobages admirables de Berlioz et Lepage ne servent
qu’à en faciliter l’accès. J’aurais bien aimé y aller mais c’est hors de prix
pour moi. J’ai cependant une alternative intéressante. Aller prendre Faust dans ma bibliothèque et le lire
pendant 3h, qui doit bien être la durée de la représentation. J’en tirerai des
fruits autrement plus nourrissants.
D’autant
plus que j’ai la chance (je dis bien « la chance », ce qui exclut
tout mérite de ma part) de connaître un peu les fondements bibliques de
l’œuvre, et donc je comprends un peu les références : le livre de Job
entre autre… J’ai cette chance parce que j’ai voulu lire le livre de Job pour
ce qu’elle est d’abord : un chef-d’œuvre poétique. « Oui mais c’est
dans la Bible. » Je conseille aux âmes chagrines cette démarche qui a
assez bien marché avec moi. On sait que la Bible est d’abord une bibliothèque
composée de 76 livres. Trouvez des éditions qui présentent ces livres
individuellement. Ainsi, lorsque vous irez le lire sur la terrasse d’un café ou
d’un pub en savourant une pinte de
Barberie, vous n’aurez pas l’air d’être en train de lire la Bible. Vous aurez
simplement l’air d’être en train de lire une œuvre importante dans l’histoire
littéraire occidentale, et qui vous permettra d’en comprendre d’autres qu’il
convient de connaître si vous voulez prétendre avoir un minimum de culture
générale. Faust par exemple. Qui plus
est, votre entreprise aura l’air moins intimidante que celle que je ne
conseille pas du tout et qui consisterait à vouloir lire la Bible (pour des
raisons strictement culturelle, j’insiste) d’un couvert à l’autre, comme on
voudrait lire la Recherche du temps perdu
ou l’Archipel du goulag. Vous n’avez
pas besoin de lire la Bible d’un couvert à l’autre. Sur les 76 livres, il y en
a cependant au moins une quinzaine qui me semblent indispensables si vous voulez être capable de réfléchir un
peu sur le monde dans lequel vous vivez. Lançons-nous : Genèse, Exode, Juges, Job, Psaumes
(quelques uns), Ecclésiaste, Sagesse, Ben Sirac, Osée, Marc, Jean, Romains, 1Corinthiens, 1Jean et l’Apocalypse.
Bon il y aura quelques longueurs, mais il y en a aussi quelques unes dans Guerre et Paix.
Soyons
clair : Quelqu’un qui n’a pas lu ces livres et qui ne les a pas médités un
minimum n’a pas de culture. Même s’il a lu Moby
Dick et les Frères Karamazov
(qu’il ne peut pas avoir compris…) Ne pas lire ces œuvres nous condamne à
l’inculture et l’inculture nous condamne à la médisance. Car de quoi des gens
sans culture parlent lorsqu’ils se retrouvent? Ils bitchent! La culture n’aurait que cette utilité que ce serait déjà
pas pire, non?
Mais bien
sûr, la culture ce n’est pas seulement la littérature, c’est aussi l’histoire. Un
des bâtiments les plus impressionnants de la ville que j’habite est l’hôpital
psychiatrique Robert-Giffard. Je ne sais pas s’il porte encore ce nom. Je sais
qu’il s’est déjà appelé Saint-Michel-Archange. À l’époque, la maladie mentale
s’assimilait trop facilement à la possession démoniaque (aujourd’hui nous
sommes allés dans l’excès contraire mais ça c’est une autre question). Or c’est
l’Archange saint Michel qui a pris la tête de l’Armée du Seigneur lorsque Satan
et sa bande se sont révoltés. Il est donc la « personne » tout
indiquée pour chasser les démons qui assaillent les épileptiques qu’on prenait
alors pour des possédés. Quant à Robert Giffard, il est bien entendu l’un des
premiers colons de Nouvelle-France. Le lien avec la maladie mentale? Il était
apothicaire comme son prédécesseur Louis Hébert, mais surtout il avait une
servante du nom de Barbe Hallay qui aurait été le premier cas de possession
démoniaque officielle de notre histoire. Elle aurait été exorcisée par Mgr de
Laval, qui fut le premier Évêque du Canada et qui en a fondé la première
institution : le Séminaire de Québec. Ces faits sont rapportés par
Marie-Catherine-de-Saint-Augustin qui a été un membre fondateur du premier
hôpital d’Amérique du Nord : l’Hôtel-Dieu de Québec. Quand je raconte ces
faits à des adolescents, je vois leurs yeux s’illuminer. Évidemment que tous ne
croient pas à l’histoire des anges déchus mais qu’importe? Ça donne une
ampleur. Ça réenchante. Ça nous donne envie d’en savoir plus. Évidemment qu’il
n’est pas question de telles choses dans les cours d’histoire actuels. Il n’est
questions que de faits importants et historiquement avérés qui emmerdent
prodigieusement les jeunes en général. Je le sais, ils me l’ont dit. Bon je ne
demande pas qu’on enseigne ces faits comme des vérités historiques… Mais entre
ça et l’index actuels dans lesquels ces faits sont confinés, il y a une marge.
Vous imaginez l’opéra qu’on pourrait tirer d’un tel argument si on était moins
coincés avec notre patrimoine religieux?
Idolâtrie polypanthéiste
« Le
bon pape François a mis en garde les jeunes du JMJ de Rio contre l’idolâtrie. Le
crime par excellence de l’Ancien Testament, bien pire que le vol, le viol, le
meurtre. En fait on comprend que presque tous les vices sont des conséquences
de l’idolâtrie. Pour ma part, je
définirais la chose ainsi : idolâtrer, c’est s’arrêter en chemin. Dans la passion fougueuse de la jeunesse, on
est prêt à tout donner, jusqu’à sa vie, pour une cause, et on trouve ça beau.
Mais lorsque cette cause est un bien matériel, une fortune, une carrière, il y
a un déséquilibre malsain… C’est avoir
une bien piètre vision de la nature humaine que de penser qu’on vit pour ces
platitudes que la société nous propose comme absolus.
Allons-y
donc avec quelque chose plus élevé : l’art et la science. Nietzsche,
Schopenhauer et les romantiques allemands ont défendu l’idée de l’art comme
moyen d’atteindre l’absolu… On vit avec les contrecoups de cette vision qui
nous fait voir Jimi Hendrix, Kurt Cobain ou Amy Winehouse comme des martyrs,
tandis qu’ils ne seraient que de misérables junkies s’ils avaient été autre
chose que des chanteurs. Même chose pour les autres arts. La figure de Nelly
Arcand me vient en tête. Une idole est un faux dieu. Et un faux dieu exige des
sacrifices humains. C’est quelque chose qui n’a pas changé depuis l’Antiquité,
même si ça peut paraître moins évident. Les faux dieux veulent mort d’homme, et
c’est ainsi qu’il est possible de les démasquer, de distinguer une passion
saine de l’idolâtrie. Tout suicide cache un faux dieu qui a eu besoin de la vie
de la victime qui s’est elle-même immolée.
Soit on se
sacrifie soi-même, comme dans les exemples mentionnés ci-haut, soit on en
sacrifie d’autres. Je ne nommerai pas les faux dieux qui ont besoin de réduire
des populations entières à l’esclavage pour fonctionner. Bon d’accord, il
s’agit du capitalisme globalisé des sweatshops. À l’opposé, le dieu-communiste
a eu besoin de 100 millions de morts pour se sustenter pendant 75 ans. Et il
semblerait bien que le dieu de certaines branches que je veux croire corrompues
de l’Islam soit particulièrement friand de la chair d’infidèles déchiquetée par
les bombes.
Mais je suis
sur le terrain économico-politique et j’ai dit que je parlerais d’art et de
science.
Tous les chemins mènent à Rome signifie
que si on s’engage assez avant sur une voie, on va déboucher sur l’Église une
et apostolique. C’est ce que nombre de romantiques Allemands ont expérimenté.
Si on ne s’y rend pas, c’est qu’on s’est arrêté en chemin et telle est
l’idolâtrie. On peut trouver beau de vouloir mourir pour une cause, mais il n’y
a qu’une seule Cause. Le reste est conséquence. Idolâtrer, c’est prendre la
conséquence pour la cause. La créature pour le Créateur. Il y a des degrés. À
l’étage inférieur, on va idolâtrer une créature sortie de mains
d’hommes (une figurine, une voiture ou un système économique), ce qui est
d’une vulgarité innommable. Juste au-dessus, on va prendre une créature de Dieu
pour Dieu même : un homme, le soleil, Mother
Earth, ou encore, comme dans le cas de Richard Dawkins, une loi de la
nature. Quelques dérives eugénistes au XXe siècle nous ont laissé entrevoir de quels
types de victimes ce mécanisme-de-fonctionnement-fait-dieu pourrait avoir
besoin d’ingérer pour pouvoir prétendre se maintenir au niveau du divin.
La science
et l’art sont parmi les activités les plus nobles auxquelles l’homme puisse
s’adonner en ce qu’elles pointent vers un chemin qui les transcende. Mais
l’homme occidental ne veut pas s’engager sur ce chemin. Telle est pourtant
l’utilité fondamentale de l’activité dans laquelle il s’engage corps et âme et
au-dessus de laquelle il place toute autre activité. S’il ne l’assume pas, il
est idolâtre.
Dans le cas
de la science, cette idolâtrie a donné lieu à une première dans l’histoire
humaine. Devant l’impossibilité manifeste qu’un tel niveau d’organisation soit
le fruit du hasard, l’astronome idolâtre a décrété (en sachant bien qu’il
n’aurait jamais aucun moyen de le vérifier) qu’il existait une infinité
d’univers ayant tous des lois de fonctionnement différentes. Ainsi est apparu,
pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, le poly-panthéisme. Drôle d’époque, indeed. »
mercredi 24 juillet 2013
Chenille, Chabrel, Martineau, etc
24 juillet
Suis allé
écrire hier au Sacrilège. Réflexion sur la foi dans ce qu’elle a de méritoire.
D’actif. Martineau écrit ce matin qu’il y a deux choses qui le font rire :
la royauté et la religion. « Moi aussi je rirai » dit la Sagesse. La
seconde partie de son article est cependant intéressante. Je m'étais alors permis un petit courrier du lecteur :
« Bravo
pour la seconde partie de votre article. Je suis catholique pratiquant et j’ai
toujours trouvé que le concept même d’accommodement a quelque chose
d’insultant : comme si nous étions des infirmes qui faisions pitié et pour
qui il convenait de faire quelques sacrifices.
On veut nous donner des accommodements comme des rampes pour les chaises
roulantes ou des sous-titres pour les malentendants. Vous avez raison de dire
qu’en 2013, on choisit d’être religieux ou non et qu’on doit assumer par la
suite les conséquences de ce choix. Je ne vais pas exiger que les Walmart
ferment le dimanche, je vais me contenter de ne pas y aller. Je ne vais pas non
plus exiger que les restaurants cessent de servir de la viande le vendredi. Il
y a quelques jours, je suis allé à un enterrement de vie de garçon. Rendu à
l’étape des danseuses, je suis tranquillement rentré chez moi. Pour un vrai
croyant c’est l’athée l’infirme, ainsi que l’a exprimé de façon définitive M. Marcel Jouhandeau : « Un athée est un homme châtré du côté de l'âme. » J’en
conclus que ceux qui exigent des accommodements ne sont pas vraiment croyants.
Ou s’ils le sont, c’est pour les mauvaises raisons. Ce qui revient au
même. »
A pis merde!
C’est la fête de saint Charbel aujourd’hui. C’était un ermite. Il ne perdait pas
son temps à écrire des lettres aux chroniqueurs. Il passait ses journées en
prière. Il est considéré comme le père de l’Église du Liban.
La
conversion est une condition sine qua non
à la réussite de sa vie. La chenille qui n’est jamais devenue papillon n’a pas
réussi sa vie. On a la liberté de vouloir rester chenille. On est libre de ne
jamais vouloir s’enfermer dans un cocon comme saint Charbel s’enfermait dans sa
cellule.
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