Vous aurez compris que ce blog se veut une critique la société québécoise, ou plutôt une critique des maux qui affligent la société, particulièrement sur le plan religieux. C'est pas souvent que je commente un article avec lequel je suis d'accord comme je m'apprête à faire.
Parfois j'ai l'impression de prêcher dans le désert. Mais il m'arrive parfois de tomber sur quelqu'un d'autre qui partage mon point de vue.
Aujourd'hui dans le Huffington Post, ce nouveau média pourtant connu pour ses vues progressistes (c'est-à-dire gauchistes et athées), j'ai lu l'un de ces bijoux qui me réconforte un peu en me faisant comprendre que je ne suis pas tout seul et pas si bizarre qu'on pourrait le croire. C'est l'une des choses que j'apprécie de ce média qui, contrairement au Devoir, permet à l'occasion qu'un point de vue différent de la ligne éditoriale soit exprimé.
Ce que d'autres prennent plaisir à appeler le conservatisme et que j'appellerais plutôt la fidélité à notre héritage canadien-français est largement considéré comme étant en voie d'extinction au Québec, devant le rouleau compresseur progressiste. Mais il y a plus de gens qu'on pense qui voient les incohérences du "modèle québécois" et qui osent se demander si nos ancêtres n'étaient pas si niaiseux que ça en fin du compte... s'il n'y avait pas, peut-être, une bonne raison pour laquelle ils étaient si fervents, travaillaient si fort et se sacrifiaient pour fonder une famille nombreuse.
Cet été j'ai eu la mauvaise expérience de discuter avec un père de famille très catholique qui dit avoir quitté la région de Québec pour s'installer dans la région d'Ottawa-Gatineau afin d'envoyer ses enfants à l'école catholique en Ontario. Il n'y a plus rien à faire avec le Québec, selon lui. Tout est déjà perdu.
C'est une attitude qui me dégoute en tant que chrétien et nationaliste. Le christianisme me dit qu'il faut espérer contre tout espoir. Le nationalisme me dit qu'il faut rester dans la mêlée. C'est pourquoi les contributeurs de ce blog peuvent justifier de consacrer du temps à prêcher dans le désert.
Ça aura été peut-être la tâche ingrate de ma vie, pour m'exprimer à la façon de Péguy, de "dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, de dire bêtement la vérité bête, ennuyeusement la vérité ennuyeuse, tristement la vérité triste" - Lionel Groulx
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dimanche 1 septembre 2013
mercredi 21 août 2013
Exagération
Possible que nous nous soyons aliénés nos derniers lecteurs avec l’article admirable de mon collègue Daniel (Liberté de religion)… Le rapprochement du Québec à venir avec la Russie de Staline et l’Allemagne d’Hitler est une grossière hyperbole, n’est-ce pas? Nous voilà déchirés! D’une part, chacun éprouve un plaisir raffiné à pouvoir dire : « Je l’avais bien dit! » De l’autre, on espère évidemment se tromper et que le Québec dans lequel grandiront nos enfants et petits-enfants n’ait rien à voir avec l’un des deux ou trois grands totalitarismes du XXe siècle. Dans ce dernier cas, nous serrons abondamment rassasiés du sarcasme des satisfaits et des intelligents de ce monde qui pourront nous reprocher ce crime terrible, dans une société du nivellement, qui consiste à exagérer. Une des définitions de ce terme que propose le Petit Robert est celle-ci : « Grossir, accentuer en donnant un caractère (taille, proportion, intensité, etc.) qui dépasse la normale » C’est aussi ce que fait un microscope, ce qui est bien utile pour observer les bactéries qui pourraient contribuer à la contamination ou au pourrissement d’un organisme ou d’une société. Quoi qu’il en soit, même si l’on ne vit pas d’ici trois ou quatre générations ce que la Russie ou la Chine ont vécu, on ne pourra pas dire que Daniel s’est fourvoyé. « Encore quarante jours et Ninive sera détruite! », crie Jonas en traversant la ville (3, 4). Est-ce qu’il exagère? Non car c’est bien ce qui attend Ninive s’il ne se passe rien. Les gens se repentent et la ville est épargnée. C’est justement cette perspective qui horrifiait le prophète et qui l’avait amené à désobéir. Pourquoi? Parce qu’il passe alors pour un moron. N’avait-il pas dit que Ninive serait détruite? Elle ne l’est pas… Non parce qu’il s’était trompé mais parce qu’il a dit les mots « exagérés » pour lesquels il peut maintenant être raillé. Merci Daniel d’avoir osé jouer ce rôle parmi les plus importants et les plus ingrats que l’on puisse imaginer.
samedi 10 août 2013
Le nationalisme selon Lionel Groulx
Extrait de Rôle d'une société nationale en l'an 1958:
Nationalité, patrie ! Quelles sont-elles pour nous ? A défaut de l'évidence, une voix, un maître peut répondre: l'histoire. Nos ancêtres ont abordé, il y a trois cents ans, ni en Patagonie, ni au Mexique, ni au pôle nord, mais sur un point, une zone bien déterminés de l'Amérique septentrionale et que je n'ai nul besoin de vous indiquer. C'est ici, sur le Saint-Laurent surtout, qu'une race, la nôtre, a pris racine. C'est cette terre, nulle autre, qu'elle a épousée. Peut-être aujourd'hui quelques-uns préféreraient-ils une autre terre, sous des cieux plus bleus, plus souriants. Qu'y peuvent-ils ? Qu'y pouvons-nous ? On ne change pas l'histoire. Dans cet immense pays que fut, pendant près d'un siècle, l'empire français d'Amérique, une portion est devenue plus spécifiquement nôtre, plus spécifiquement patrie, parce que nos liens sont plus intimes, plus forts avec elle. Pendant trois siècles et demi nous nous y sommes cramponnés; région par région, nous l'avons conquise sur la forêt, parfois sur le conquérant; depuis plus de trois cents ans, cette terre aura été l'habitat d'une dizaine de générations de Canadiens français qui y ont planté leurs foyers, leurs institutions, leurs traditions, leurs clochers, leur foi : tout ce qui constitue une nationalité.
Libellés :
nationalisme,
Pourquoi ce blog?
Miettes
Pourquoi Chanoine Groove? Parce que ça sonne bien, non? Mais encore?
J’ai
terminé mon dernier article (sur le chapelet) en citant saint Paul :
« Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. » (Ga 2,20)
Si le Christ ne vit pas en nous, nous ne pouvons faire, dire ou penser rien de
bon. Même qu’on ne peut rien faire du tout, si on en croit l’Évangile de Jean
(15,5). Ça semble un peu exagéré, il y a plusieurs non-chrétiens qui ont fait
de bien bonnes choses… Gandhi n’est pas un bon exemple puisqu’il dit lui-même
avoir fondé son action sur le Sermon sur la montagne. Mais des philosophes,
Platon et Aristote en tête, ou des sages d’Extrême-Orient comme Confucius ou
Bouddha ont certes fait et dit des choses bonnes et significatives. Bien sûr,
mais lorsque c’était le cas, c’était Christ qui agissait ou parlait en eux.
La
Vérité (Christ lui-même dans Jean 13,33) s’est retrouvée partiellement dans
tous les systèmes philosophiques et religieux qui ont eu suffisamment de
solidité pour que des bribes puissent s’être rendues jusqu’à nous.
Les
exemples pullulent, et font dire aux sceptiques que le christianisme n’est
qu’une vaste entreprise de récupération. On connaît l’argument : il y a la
Vierge-Mère en Égypte, il y a le dieu Hadad qui meurt et renaît trois jours
plus tard, il y a Orphée qui revient des enfers, il y a une triade en
Mésopotamie, Madeleine est une version d’Aphrodite, la Passion s’inspire de
l’Apologie de Socrate… et le Christianisme n’est qu’un gros melting pot de tout cela. Cette
hypothèse suppose, de la part de ces gens qui auraient forgé le christianisme
de toutes pièces, une culture philosophico-religieuse tellement vaste et
profonde qu’elle donne le vertige. D’avoir réussi à mettre tous ces éléments
ensemble pour faire un tout assez cohérent pour qu’il tienne encore aujourd’hui,
et assez simple pour que ma grand-mère soit capable d’y trouver son compte, relèverait
d’un prodige unique dans l’histoire de la pensée humaine. Ce qui est beaucoup
plus probable (je pèse mes mots), c’est que les religions et philosophies païennes
précédentes avaient toutes une partie de la Vérité qui s’est exprimée dans son
entièreté lorsque cette Vérité même s’est incarnée. S’en est suivi l’Évangile,
qui est l’expression écrite de cette Vérité, accessible et adaptable à tous,
selon toutes les conditions, de l’illettré au post-docteur en philosophie.
Du
coup, j’éprouve une étrange émotion de percevoir cette Vérité dans une tragédie
grecque ou dans une cosmologie aztèque, comme une éclaircie dans des ténèbres
d’erreurs. Car s’il n’y a que de l’erreur, l’humanité ne survit pas. C’est
pourquoi il faut que la Vérité soit présente, même de façon restreinte, si on
veut que les Mayas, par exemple, puissent former une civilisation assez durable
pour qu’on puisse aujourd’hui la connaître un tant soit peu. Car si la Vérité
c’est la Vie (toujours Jean 13,33), alors le mensonge c’est la mort. Saint Paul
ne parle pas d’une Vérité qui serait inexistante mais d’une Vérité qui serait « tenue captive » (Romains 1,18). Elle est donc bien là, séquestrée dans des systèmes qu’elle soutient et
qui s’écrouleraient sans elle, mais où elle ne peut s’exprimer dans sa pleine
mesure parce qu’elle doit ménager l’erreur qui lui est accolée.
S’il
en est ainsi des systèmes philosophiques et des cosmologies antiques, il en va
de même de toutes les disciplines, même les plus modernes. D’ailleurs, dans le
passage que je viens de citer, saint Paul semble incriminer les scientifiques
de son époque, capables, eux, de percevoir l’incroyable harmonie du monde mais
refusant de faire le pas évident qui doit logiquement suivre et qui consiste à admettre
simplement l’évidence inéluctable d’une intelligence ayant permis cette
harmonie. Cet argument, qui présume de la mauvaise foi de toute personne se
disant athée ou même agnostique, est toujours valable aujourd’hui. La physique
quantique, la sélection naturelle et les dernières découvertes de la cosmologie
la plus poussée n’y changent absolument rien, et c’est bien « tenir la
vérité captive » que de laisser supposer le contraire.
Il
en va de la science et de la philosophie comme de tout ce que la vie compte
d’enthousiasmant. (D’ailleurs le mot enthousiasme
signifie étymologiquement dieu-dedans.)
Le rock par exemple. Je ne suis pas Edgard Fruitier mais je suis aussi mélomane
que l’on puisse l’être dans cette branche de la musique en général (testez-moi
pour voir…) Je peux également dire que je fais partie de ceux dont parle Lou
Reed dans le dernier vrai album du Velvet Underground et dont la vie a été
sauvée par le rock’n’roll. Je sais, ça fait très racoleur et je m’en excuse.
Mais j’ai eu une formation philosophico-religieuse assez frugale, et comme je
disais tout à l’heure, il faut un peu de Vérité pour que l’homme puisse vivre.
Certains semblent avoir une constitution solide qui leur permet de se priver
pendant de longues périodes sans mourir. Ce n’était pas mon cas. Mon anémie
m’était insupportable et j’ai plusieurs fois voulu en finir pour cette raison.
Il
a fallu que je trouve une façon de m’alimenter et cherchant à travers la
poussière et les détritus les miettes de pain tombés de la table des maîtres et
que les petits chiens n’avaient pas encore flairés. Je n’avais pas le choix.
Car le catholicisme, tel que me l’enseignaient les agents de pastorale et les
profs d’enseignement religieux du Québec des années 80 et 90, ça ne pouvait pas
être une option. C’est bien beau avoir faim mais un gars a quand même sa
fierté! Ou était-ce de l’orgueil? Peut-être que ce n’était pas aussi mal que je
me l’imagine dans mon souvenir. Difficile à dire, c’est un mystère que je ne
suis pas sûr de parvenir à élucider un jour. Je ne pense pas que ces gens disaient
des conneries et ils étaient de bonne foi. Mais ils avaient une façon de ne pas me rejoindre qu’il leur aurait
été très difficile d’obtenir s’ils avaient consciemment voulu qu’il en soit
ainsi. J’étais pourtant un adolescent tout ce qu’il y a de plus ordinaire, ni
trop nerd ni trop rebelle, comme il y
en avait plein dans le Québec de l’époque…
Bref,
le résultat a été que la Vérité pour laquelle je languissais devait bien
exister mais qu’elle pouvait se trouver n’importe où sauf là. Oui, là! Où elle est en réalité, dans toute sa plénitude…
J’ai
donc cherché partout ailleurs et j’ai
trouvé de belles pépites à des endroits que je n’aurais jamais soupçonnés. À
travers beaucoup de bouffe à cochons, cela va sans dire… Un de ces endroits a été le rock. Ça été le point de départ d'un long, long cheminement.
mardi 30 juillet 2013
Saint Jean Baptiste
Vous aurez
compris, à la lecture du texte de mon collègue, que Daniel sera le franc-tireur
du groupe… Moi je suis trop vieux… À moins qu’on me cherche vraiment… Mais même
alors, je m’efforce à ce que les préceptes de tendre l’autre joue et d’aimer
mes ennemis prennent le dessus.
Cela dit, il faut
voir ce qu’il y a derrière ces principes. On a beau dire, ce n’est pas parce
qu’on est catho pratiquant qu’on n’a jamais de doutes quant au chemin sur
lequel on s’engage. Aussi, je ne vois guère d’approbation divine plus manifeste
que de se faire insulter par des gens comme ceux dont Daniel parle dans son
article.
Une définition
du péché serait l’action qui consiste à se réjouir de ce dont on devrait
s’attrister et de s’attrister de ce dont on devrait se réjouir. Une preuve de
la Chute est la souffrance que l’on éprouve de la calomnie des incultes. Elle
ne devrait pas seulement nous laisser indifférent, mais nous procurer une
satisfaction raffinée et pure. Surtout quand elle n’est pas recherchée
d’emblée.
« Ok,
vous venez de lire ça? Alors voilà ce qu’on va faire, on ne va pas réagir à
leurs âneries et on va simplement les ignorer et laisser leur blogue merdique se
perdre dans le néant cybernétique parmi des millions d’autres! »
C’est
pourquoi je demande que l’on place ce blogue sous le patronage de saint Jean
Baptiste. C’est qu’il y a bien des chances que nous soyons, nous aussi, en
train de prêcher dans le désert. Désert cybernétique d’abord, comme ils diraient…
Désert spirituel ensuite : Le Québec actuel. Un désert qui n’est certes
pas moins aride que celui de la Palestine d’il y a 20 siècles, vous en
conviendrez. Saint Jean Baptiste est aussi le saint parton des
Canadiens-français… Ça devrait faire plaisir à un
démocrate-et-souverainiste-québécois.
dimanche 28 juillet 2013
Damnation de Faust
Je rêve d’un
Québec (et d’un Occident) décomplexifié dans lequel on pourrait parler de
Rolland Giguère et de saint Jean Chrysostome dans la même phrase sans que ça
sonne bizarre. Un Québec où aller à Sainte-Anne-de-Beaupré ne serait pas plus
bizarre qu’aller à Expo-Québec. J’imagine des conversations du genre :
« Salut Big, on va se prendre une pinte au Bal du Lézard? – Cool, je vais
à la messe de 10h à Saint-Zéphirin et je te rejoins. » « On va aux
Remparts à soir? – Ok, viens me chercher dans une demi-heure, le temps que je
finisse mon chapelet. »J’ai une discussion intéressante sur le
libre-arbitre avec un jeune philosophe et j’évoque saint Augustin qui me semble
avoir dit des choses un peu significatives sur le sujet. Je le vois se
rembrunir… La discussion est terminée. Pourquoi? Parce que je voulais
l’évangéliser sans aucun doute. Il veut garder son indépendance d’esprit, qu’il
confond sans doute avec le néant. On est loin des philosophes de l’Aréopage qui
écoutaient saint Paul avec plaisir… Ils avaient tous leur philosophie qu’ils
avaient pris un long moment à élaborer… Une philosophie qu’ils croyaient assez
solide pour résister aux contradictions d’une autre. Personnellement j’adore
avoir des discussions avec des athées. Ça me permet de mettre mes croyances à
l’épreuve. Elles n’en sortent généralement que plus renforcées. Il semble
malheureusement que ce ne soit pas réciproque et je n’ai presque jamais de
conversations philosophiques avec des athées.
Pourquoi? Parce qu’ils n’ont généralement rien à opposer à… À quoi? Je vais dire que
saint Augustin est l’un des trois ou quatre plus grands philosophes de
l’Occident, ce que nombre d’universitaires athées admettent volontiers, et donc
que ce qu’il a écrit sur un sujet très chaud ces temps-ci (après le jugement
dans l’affaire Turcotte par exemple) est digne de considération.
C’est vrai
en philosophie, c’est vrai en art. On présente la Damnation de Faust à la salle Louis Fréchette cet après-midi, dans
une mise en scène de Robert Lepage. Je viens de voir les photos dans le journal
et ça semble grandiose. De quoi vont parler les gens qui vont en sortir? Tentative
d’estimation : 80% vont parler des décors et des effets spéciaux, 40% vont
parler de la musique (si j’ai dépassé 100%, c’est parce que l’un n’exclut pas
l’autre), 15% vont parler du texte de Goethe dans ses grandes lignes et 2% vont
parler des fondements métaphysiques et bibliques du texte. Pourtant ces
fondements sont l’essentiel de l’œuvre et les enrobages admirables de Berlioz et Lepage ne servent
qu’à en faciliter l’accès. J’aurais bien aimé y aller mais c’est hors de prix
pour moi. J’ai cependant une alternative intéressante. Aller prendre Faust dans ma bibliothèque et le lire
pendant 3h, qui doit bien être la durée de la représentation. J’en tirerai des
fruits autrement plus nourrissants.
D’autant
plus que j’ai la chance (je dis bien « la chance », ce qui exclut
tout mérite de ma part) de connaître un peu les fondements bibliques de
l’œuvre, et donc je comprends un peu les références : le livre de Job
entre autre… J’ai cette chance parce que j’ai voulu lire le livre de Job pour
ce qu’elle est d’abord : un chef-d’œuvre poétique. « Oui mais c’est
dans la Bible. » Je conseille aux âmes chagrines cette démarche qui a
assez bien marché avec moi. On sait que la Bible est d’abord une bibliothèque
composée de 76 livres. Trouvez des éditions qui présentent ces livres
individuellement. Ainsi, lorsque vous irez le lire sur la terrasse d’un café ou
d’un pub en savourant une pinte de
Barberie, vous n’aurez pas l’air d’être en train de lire la Bible. Vous aurez
simplement l’air d’être en train de lire une œuvre importante dans l’histoire
littéraire occidentale, et qui vous permettra d’en comprendre d’autres qu’il
convient de connaître si vous voulez prétendre avoir un minimum de culture
générale. Faust par exemple. Qui plus
est, votre entreprise aura l’air moins intimidante que celle que je ne
conseille pas du tout et qui consisterait à vouloir lire la Bible (pour des
raisons strictement culturelle, j’insiste) d’un couvert à l’autre, comme on
voudrait lire la Recherche du temps perdu
ou l’Archipel du goulag. Vous n’avez
pas besoin de lire la Bible d’un couvert à l’autre. Sur les 76 livres, il y en
a cependant au moins une quinzaine qui me semblent indispensables si vous voulez être capable de réfléchir un
peu sur le monde dans lequel vous vivez. Lançons-nous : Genèse, Exode, Juges, Job, Psaumes
(quelques uns), Ecclésiaste, Sagesse, Ben Sirac, Osée, Marc, Jean, Romains, 1Corinthiens, 1Jean et l’Apocalypse.
Bon il y aura quelques longueurs, mais il y en a aussi quelques unes dans Guerre et Paix.
Soyons
clair : Quelqu’un qui n’a pas lu ces livres et qui ne les a pas médités un
minimum n’a pas de culture. Même s’il a lu Moby
Dick et les Frères Karamazov
(qu’il ne peut pas avoir compris…) Ne pas lire ces œuvres nous condamne à
l’inculture et l’inculture nous condamne à la médisance. Car de quoi des gens
sans culture parlent lorsqu’ils se retrouvent? Ils bitchent! La culture n’aurait que cette utilité que ce serait déjà
pas pire, non?
Mais bien
sûr, la culture ce n’est pas seulement la littérature, c’est aussi l’histoire. Un
des bâtiments les plus impressionnants de la ville que j’habite est l’hôpital
psychiatrique Robert-Giffard. Je ne sais pas s’il porte encore ce nom. Je sais
qu’il s’est déjà appelé Saint-Michel-Archange. À l’époque, la maladie mentale
s’assimilait trop facilement à la possession démoniaque (aujourd’hui nous
sommes allés dans l’excès contraire mais ça c’est une autre question). Or c’est
l’Archange saint Michel qui a pris la tête de l’Armée du Seigneur lorsque Satan
et sa bande se sont révoltés. Il est donc la « personne » tout
indiquée pour chasser les démons qui assaillent les épileptiques qu’on prenait
alors pour des possédés. Quant à Robert Giffard, il est bien entendu l’un des
premiers colons de Nouvelle-France. Le lien avec la maladie mentale? Il était
apothicaire comme son prédécesseur Louis Hébert, mais surtout il avait une
servante du nom de Barbe Hallay qui aurait été le premier cas de possession
démoniaque officielle de notre histoire. Elle aurait été exorcisée par Mgr de
Laval, qui fut le premier Évêque du Canada et qui en a fondé la première
institution : le Séminaire de Québec. Ces faits sont rapportés par
Marie-Catherine-de-Saint-Augustin qui a été un membre fondateur du premier
hôpital d’Amérique du Nord : l’Hôtel-Dieu de Québec. Quand je raconte ces
faits à des adolescents, je vois leurs yeux s’illuminer. Évidemment que tous ne
croient pas à l’histoire des anges déchus mais qu’importe? Ça donne une
ampleur. Ça réenchante. Ça nous donne envie d’en savoir plus. Évidemment qu’il
n’est pas question de telles choses dans les cours d’histoire actuels. Il n’est
questions que de faits importants et historiquement avérés qui emmerdent
prodigieusement les jeunes en général. Je le sais, ils me l’ont dit. Bon je ne
demande pas qu’on enseigne ces faits comme des vérités historiques… Mais entre
ça et l’index actuels dans lesquels ces faits sont confinés, il y a une marge.
Vous imaginez l’opéra qu’on pourrait tirer d’un tel argument si on était moins
coincés avec notre patrimoine religieux?
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