Pierre Duchesne, ministre péquiste de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, a écrit ce texte où il commence par nous rappeler que le Parti québécois est le seul parti patriotique et que l'indépendance est le seul moyen d'être maîtres chez nous. Ensuite, il nous explique que le Parti québécois a tout fait pour assurer l'intégrité en politique avec sa loi sur l'intégrité.
Commençons par le patriotisme du Parti québécois. Monsieur Duchesne nous rappelle qu'en 1970 la population du Québec représentait 28% du Canada et qu'aujourd'hui il ne représente que 23%. Il nous propose de quitter la fédération canadienne parce que nous n'avons plus assez d'influence au parlement fédéral. Je lui réponds: Quel est le problème, le parlement fédéral ou nos faibles nombres? Si nous quittions le Canada, notre taux de natalité augmenterait-il? Duchesne ne voit-il pas que la nation "francophone" (canadienne-française) deviendrait éventuellement minoritaire à l'intérieur d'un Québec indépendant?
Dans un Québec indépendant, la seule façon de nous assurer que les "francophones" demeurent majoritaires serait d'assimiler de force les autres cultures présentes au Québec pour qu'elles adoptent notre propre idéologie moribonde et de fermer nos portes à l'immigration. (Je mets "francophones" entre guillemets parce que je ne vois pas comment on peut définir une nation uniquement par sa langue, surtout lorsque cette langue est utilisée par un grand nombre d'autres nationalités qui nous côtoient, Marocains, Algériens et Haïtiens par exemple.) Nous serons alors majoritaires à l'intérieur de nos frontières, mais au bout d'un certain temps nous cesserons d'exister, par assimilation à d'autres cultures francophones qui eux n'ont pas de problèmes de natalité, et par simple non-renouvellement de la population, vu notre faible taux de natalité.
Refuser de regarder la réalité en face, de faire ce qu'il faut pour assurer la pérennité de la nation, est-ce la marque d'un parti patriotique? La réalité est la suivante: les Québécois sont devenus moribonds quand ils ont abandonné leurs valeurs chrétiennes. Les sources de nos problèmes de natalité sont: égoïsme, matérialisme, hédonisme, concubinage, divorce, contraception, féminisme et 30 000 avortements par année. Si le Parti québécois avait vraiment pour priorité d'assurer la pérennité de notre nation, il s'attaquerait en priorité à ces problèmes. J'en conviens, ce n'est pas très populaire de remettre en question les "acquis" de la révolution tranquille, mais en temps de famine il faut immoler les vaches sacrées.
Au contraire, nous avons un parti qui fait tout en son pouvoir pour transformer notre culture à son image. Ce faisant, il la rend méconnaissable. Le Parti québécois s'est livré depuis plus de 30 ans à une guerre sans pitié contre la culture québécoise traditionnelle. Nous sommes des blancs qui parlons français, mais nous ne sommes plus l'ombre de nos ancêtres.
Je ne suis pas contre l'indépendance, sauf lorsqu'elle ne sert à rien. Oui à l'autonomie, à la souveraineté, mais demandons-nous si l'indépendance est ce qu'il nous faut vraiment ou si on peut atteindre ce qu'il faut par d'autres moyens plus réalistes. Le problème du Parti québécois est que l'indépendance est devenue une obsession, un objectif à réaliser à tout prix sans égard à sa valeur réelle pour le bien-être de notre nation. En attendant la réalisation de leur rêve qui ne réglera rien, notre nation continue de diminuer en importance.
Passons à l'intégrité en politique. Qui est assez naïf pour croire que la loi sur l'intégrité va empêcher la magouille? C'est pas très logique: "ils violent la loi, ajoutons donc une autre loi pour qu'ils la violent aussi." Les mœurs ne se corrigent pas au moyen de la loi. Il n'a jamais été possible de légiférer la vertu.
Les Québécois ont abandonné la morale chrétienne. La seule morale qui demeure est celle qui nous "fait du bien". Une société fondée dans un tel relativisme moral n'a pas d'autre option que d'essayer de légiférer la morale, puisque la loi devient la seule norme objective. Mais la loi a ses limites si on veut continuer de vivre dans une société libre. Les mœurs continueront de décliner et nous aurons à faire un choix entre une société corrompue ou un état totalitaire. Ce n'est que l'état totalitaire qui arrive à imposer une norme morale de façon à la faire accepter cœur et âme par la population.
Déjà nous avons certains signes d'une dérive en ce sens. Le nombre de lois légiférant la morale augmente, les codes de déontologie foisonnent. Les campagnes de "sensibilisation" payées par l'argent public tentent de nous "éduquer" sur certaines questions. Les écoles étatiques élèvent nos enfants pour nous en conformité avec l'idéologie étatiste. Les médias, surtout celles qui sont fortement subventionnées, essayent de faire "évoluer les mentalités". Nous sommes totalement assujettis à cet endoctrinement et nous croyons vivre dans une société libre?
Pour revenir sur le Parti québécois, je crois que de vrais nationalistes ne peuvent pas donner leur vote à un parti démagogue qui prétend vouloir notre bien mais qui n'ose pas nous dire ce qu'on ne veut pas entendre. Le vrai nationalisme passe par une réappropriation des valeurs chrétiennes qui sont le fondement de notre nation et, en grande partie, la substance de notre héritage culturel.
Ça aura été peut-être la tâche ingrate de ma vie, pour m'exprimer à la façon de Péguy, de "dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, de dire bêtement la vérité bête, ennuyeusement la vérité ennuyeuse, tristement la vérité triste" - Lionel Groulx
lundi 5 août 2013
Idéologie, entêtement et irréalisme
Croire qu'on sait
M. Joseph Facal n'est pas convaincu. On comprend qu'il n'en a pas du tout envie. Les raisonnements qu'il défend dans son article d'aujourd'hui sont d'une pauvreté et d'une mauvaise foi ahurissantes, venant d'un homme de cette stature. Je comprends qu'on puisse ne pas croire. Ce qui m'étonne c'est de voir autant de gens, par ailleurs brillants, parvenir à défendre des sophismes aussi grossiers lorsque vient le temps de parler de la foi. Qu'un homme comme Joseph Facal puisse avaler les non-arguments d'un Richard Dawkins sans même grimacer me renverse toujours. Il y en a des arguments valables pour défendre l'idée de l'inexistence de Dieu, mais ce ne sont presque jamais ceux-là qui sont présentés. Ce sont toujours des actes de foi tellement gigantesques que le concept de transsubstantiation a l'air, à côté, d'une évidente banalité. Qu'ils parviennent à prendre ces actes de foi pour des faits indiscutables, fruits d'un raisonnement scientifique rigoureux et implacable, a quelque chose qui tient de l'inexplicable.
J'ai quand même renvoyé ceci à M. Facal:
J'ai quand même renvoyé ceci à M. Facal:
"Bonjour,
Je ne comprends
pas vos objections. « Soit Dieu agit, soit il n’agit pas. » Vous êtes
un père de famille, vous devriez comprendre. Parfois il convient de sévir, et
parfois non. Parfois il faut faire preuve de souplesse, parfois de fermeté.
Parfois on achète la bebelle que l’enfant nous demande et parfois non. Un temps
pour chaque chose. Si l’homme est libre, on peut concevoir que Dieu le soit
aussi.
Par
ailleurs, vous dites que la probabilité que Dieu existe est plus petite que
celle qu’il n’existe pas. Il s’agit d’un postulat que Dawkins martèle à maintes
reprises dans son livre, et qu’il n’appuie sur absolument rien. À force de se
le faire répéter, on finit par le croire, surtout si elle provient d’un « grand
scientifique » habitué de faire reposer ses conclusions sur un
raisonnement solide et élaboré de bonne foi. Ce n’est pas le cas avec Dawkins.
Son ouvrage est parsemé d’actes de foi qu’il présente comme des conclusions
obtenues des suites d’une rigoureuse observation des faits. Sa méthode consiste
essentiellement à faire croire au lecteur qu’il sait : la fameuse double
ignorance socratique. Tandis que l’acte de foi honnête et lucide consiste à
savoir qu’on croit. Honnêtement, je suis étonné que la malhonnêteté
intellectuelle dans God Delusion ne
vous soit pas apparue plus flagrante.
Finalement
vous écrivez : « le non-croyant qui s’interroge est plus rassurant
que le croyant qui ne questionne jamais les fondements de sa foi. » Parce
qu’il n’y a que ces deux alternatives? Il peut être bon de savoir que le « saut
de la foi », pour reprendre l’expression de Kierkegaard, ne signifie pas
qu’on cesse de s’interroger sur les fondements de quoi que ce soit, surtout pas
de la foi. Saint Augustin n’a pas mis son cerveau à off après sa conversion. J’ajoute
qu’il m’est arrivé quelques fois de rencontrer des non-croyants qui s’interrogeaient
assez peu sur les fondements de leur incroyance (ou sur l’absence de fondement
de leur croyance, c’est selon). Une fois qu’ils avaient dit : « C’est
d’la marde tout ça », il ne se passait plus grand-chose.
Ce n’est pas
votre cas et je souhaite de tout cœur que votre quête vous mène à bon port!"
Je ne sais pas s’il a saisi l’euphémisme « il m’est arrivé
quelques fois… » C’est en réalité ce qui se produit avec 90% des gens que
je rencontre.
samedi 3 août 2013
Religieux par la science
Louis Cornellier, qu’il m’arrive d’apprécier, parle dans sa chronique d’aujourd’hui
de la coexistence entre la science et la religion. On sait que le Devoir est lu par des gens instruits.
Aussi est-il assez triste qu’on soit encore obligé d’expliquer en 2013 que science
et religion ne sont pas contradictoires. Cornellier nous parle de Stephen Jay
Gould et de son principe de non
overlaping magisteria (NOMA, à ne pas confondre avec le musée). Je suis à
peu près d’accord avec ce principe dans ses grandes lignes. Mais il ne
faudrait pas établir entre les deux disciplines une frontière trop étanche.Comme d'habitude ce texte a été envoyé au principal intéressé.
La science est censée nous montrer le chemin. C’est son rôle. Je veux
dire qu’elle est censée orienter notre esprit de façon à ce que l’on adapte
notre comportement de manière à réussir notre vie. Savoir beaucoup de choses,
mais pourquoi? Pour briller en société? Gagner des prix? Les transmettre à
d’autres qui ne sauront pas plus que nous quoi faire avec? En bout de ligne, il
me semble qu’on doit savoir des choses pour bien diriger sa vie, question de la
RÉUSSIR. Je lis toujours un peu de terreur dans les yeux des gens lorsque
j’aborde ce concept. « Quoi on peut rater
notre vie? » Ça va certes à l’encontre du relativisme ambiant. Car comment
établir des critères selon lesquels on pourra dire qu’une vie a été réussie ou
ratée? Des critères sûrs et indiscutables? « Ça dépend de chacun! »
Il y a des gens qui semblent convaincus que le but de la vie est d’accumuler
des images de pornographie juvéniles sur leur disque dur. Va-t-on dire :
« Si c’est ça qui est bien pour lui, qui sommes-nous pour dire que c’est
pas correct »? Eh bien croyez-le ou non, c’est bien ce que je me suis déjà
fait répondre, et pas seulement une fois. On prie pour obtenir la grâce d’une
bonne mort lors de la quatrième dizaine des Mystères glorieux. J’imagine qu’il
ne s’agit pas de se souvenir avec tendresse sur son lit d’agonie des milliers
d’heures qu’on a passées à regarder des images pixellisées d’enfants abusés par
des mononcles damnés.
La question qu’on pourrait se poser est : Dans quoi as-tu mis le
meilleur de ton être? « Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur »,
dit le Christ sur le mont des Olives. Si tu as mis le meilleur de toi-même (le
meilleur de ton temps, de ton énergie, de ta fortune, de tes pensées) dans la
fente d’une machine de vidéo-poker, je doute qu’on puisse dire que tu as réussi
ta vie. Qu’importe ce que les autres disent, bien évidemment. Mais je doute que
ta conscience, sur ton lit de mort, te fasse de high-fives en te disant :
« Bravo champion, ça c’était une vie bien remplie. » La conscience
est un juge bien plus sévère que l’opinion publique. Il est étonnant de voir à
quel point des gens sont capables de la faire taire, mais je crois qu’elle n’en
sort que plus bruyante lors de l’agonie, alors que nos forces de refoulement
sont épuisées et qu’elle a le champ libre pour nous dire ce qu’elle a passé
notre vie à se retenir de nous dire.
Je ne dis pas ça pour consoler les gens qui auraient pu être victime
d’un bourreau s’en étant presque sorti avec les honneurs et vivant avec
l’apparence de la plus parfaite sérénité. « Ne vous inquiétez pas, il aura
son compte! La joke qu’on appelle la justice humaine a dû se retenir pour ne
pas lui donner une médaille mais sa conscience le jugera sévèrement. » Je
dis seulement qu’on peut réussir sa vie selon des critères qui ne sont pas relatifs à chacun.
Et que c’est ce que la science nous enseigne. Je prends souvent
l’exemple de la chenille. Une chenille qui n’est jamais devenue papillon n’a
pas réussi sa vie. La chenille est censée être une phase transitoire. Si on
s’arrête à la phase transitoire, on s’est arrêté en chemin et c’est ce que j’ai
défini précédemment comme étant l’idolâtrie. Inaccomplissement.
Il faut, pour réussir sa vie, aller au bout de « voie
étroite » dont parle le Christ et que très peu trouvent. Ce qui signifie
qu’il faut d’abord trouver cette voie, et ensuite aller au bout. Deux étapes
donc, et la science nous aide pour la première. L’évolution, plus
particulièrement.
Quand je parle d’évolution, je ne parle pas seulement du vivant. Ce
dont on parle peu et qui m’apparaît évident, c’est l’évolution pré-biologique.
Il y a d’abord des particules élémentaires, fermions et bosons. Les fermions
vont faire la matière tandis que les bosons sont des particules de forces.
L’électron est un fermion, mais pas le proton ni le neutron. Ces derniers sont
formés de l’union de trois fermions, plus particulièrement des quarks. Il y a
donc une évolution puisqu’un proton est dans une forme plus complexe qu’un
quark. Puis des électrons, des fermions fondamentaux, sont captés par des
protons et « orbitent » autour. S’ils sont captés et qu’ils peuvent
former cette nouvelle réalité qu’on appelle l’atome, c’est parce qu’ils ont une charge électrique absolument
égale à cette du proton, mais de signe opposé, comme on l’apprend au
secondaire. Pourquoi? Les électrons, qui sont une forme de fermion qu’on
appelle lepton, n’ont pourtant rien en commun avec les protons, formés de trois
fermions d’un type totalement différent qu’on appelle quarks… Alors? Mystère
total. On sait seulement que s’il n’en était pas ainsi, l’univers ne serait
qu’une soupe de particules chargées… Mais ça c’est une autre histoire. Ce que
je veux mettre en évidence, c’est la complexification (donc l’évolution)
pré-biologique. Jusque là, il n’y a que des atomes simples, de l’hydrogène et
de l’hélium. Les atomes plus complexes (l’oxygène, le carbone et tous les
éléments du tableau périodique jusqu’au fer), vont se former par nucléosynthèse
dans les étoiles. Puis certains de ces atomes vont s’unir ensemble pour former
une nouvelle réalité plus complexe encore : la molécule.
Complexification. Évolution. C’est évident. Si on n’en parle pas, c’est
parce qu’elle ne peut pas s’expliquer par la sélection naturelle. Il est
totalement absurde de parler de « survie » du proton ou de
l’électron… J’aurais envie de commenter mais je continue…
Des molécules vont s’unir pour former des cellules. Alors apparaît l’un
des deux moments majeurs de cette histoire : l’apparition de la vie. L’évolution ne commence pas à ce
moment, elle continue, ayant commencé au Big bang qu’il est très légitime
d’assimiler au Fiat lux même si j’ai
horreur du concordisme systématique. Elle continue, poussée par une force que
j’ai toujours trouvé stupidissime d’assimiler au hasard, ce dieu des imbéciles
comme l’appelait Bloy. Une force qui fait en sorte que les individus qui y sont
soumis ont peut à y faire. Le poisson ne décide
pas de sortir de l’eau pour devenir un amphibien. Le vivipare ne décide pas de garder son œuf dans son
ventre pour le protéger du danger. La girafe ne décide pas de s’allonger le cou pour atteindre les feuilles plus hautes.
L’évolution est subie… Jusqu’au
second moment majeur de l’histoire après l’apparition de la vie : l’apparition
de la liberté. Si on situe cet
événement dans le schème ci-dessus, on peut définir la liberté par la
possibilité qu’on a de sortir de l’élan évolutif. On ne subit plus l’évolution,
on accepte ou non d’y prendre part.
L’homme est au bout de la chaîne, mais je suis à peu près d’accord avec
Nietzsche lorsqu’il dit que l’homme est, comme la chenille, dans une phase
transitoire. C’est ce qu’il définit comme la phase à atteindre que je trouve digne
d’un ado attardé qui trippe encore sur les X-Men. J’imagine que c’est l’effet
normal du rejet du culte des saints : nous les faire remplacer par des
super-héros… (Je rappelle que Nietzsche
provenait d’un milieu protestant fervent et que son père était pasteur, comme
Kierkegaard d’ailleurs, qui a réagi avec beaucoup plus d’élégance.) En tout
cas, on est appelé à atteindre un stade supérieur. Comment? Encore une fois le
schème évolutif (donc la science) nous éclaire un peu.
Il y a toujours, lors du passage d’un stade à un autre, une intériorisation-de-l’immédiateté--pour-aller-au-delà.
D’abord, la corne de l’exosquelette est intériorisée pour augmenter la mobilité
de l’animal (aller au-delà). Ensuite l’eau est intériorisée par le poisson pour
aller au-delà : la terre ferme.
Ce que ça nous dit concrètement c’est qu’il faut une intériorisation si
on veut continuer à évoluer. Autrement, on va se garocher à gauche et à droite
sans jamais se poser de question et qu’on va stagner au stade animal. L’état « d’entre-deux »
est très inconfortable pour l’homme, comme le faisait remarquer Pascal. Dès
lors, il n’y a que deux moyens de se sortir de cet inconfort : atteindre
le stade supérieur ou se laisser retomber au stade inférieur, celui du
mammifère. Le bienheureux est celui qui ne souffre plus du tiraillement
insupportable de « l’entre-deux » : il a atteint le stade
supérieur, même si la gravité se fait encore sentir. Le mammifère (que Platon
appelait le gros animal) est celui qui a réagi au tiraillement en exerçant sa
liberté de dire « non » à ce processus méga-millénaire qu’on appelle
l’évolution. « J’arrête ça là. Mammifère, c’est déjà pas mal! » Car s’il
y a une chose que la science évolutive nous enseigne c’est que l’évolution ne
se fait pas dans le confort. Il faut un état de crise pour que ce soit
possible. C’est pourquoi les vies de saints sont généralement aussi
mouvementées… Et qu’elles sont ponctuées de longs moments d’intense intériorité…
Intériorisation-pour-aller-au-delà, disais-je… Au-delà de quoi? Peut-être du
temps. Pour atteindre l’Éternité. De béatitude, si possible. La religion
catholique n’a jamais dit autre chose.
vendredi 2 août 2013
Suite de la lecture suivie de Faust
C’est bien
beau tout ça mais il faut que je retourne à Faust. Avec les albums du groupe
krautrock homonyme.
On est à la
Cave d’Auerbach à Leipsig. Des joyeux compagnons qui boivent et chantent des
chansons connes. Méphisto veut montrer à Faust qu’il saura maintenant exceller
dans un milieu de ce type où il s’est toujours senti mal-à-l’aise et un peu
jaloux.
Chaque jour est ici pour le peuple une fête
nouvelle ; avec peu d’esprit et beaucoup de laisser aller, chacun d’eux tourne dans son cercle étroit
de plaisirs, comme un jeune chat jouant avec sa queue ; tant qu’ils ne se
plaignent pas d’un mal de tête, et que l’hôte veut bien leur faire crédit, ils
sont contens et sans soucis.
C’est cette
simplicité que Faust enviait, tandis que son serviteur Vagner la méprisait. Les
joyeux lurons sont intrigués en les voyant arriver. Ils essaient de les piéger
pour se payer leurs têtes.
Méphisto dit
à Faust :
Les pauvres gens ne soupçonnent jamais le
diable, quand même il les tiendrait à la gorge.
Plus on est
convaincu de l’existence de Dieu, plus on lui donne la possibilité d’agir dans
notre vie. C’est exactement le contraire pour le diable : moins on croit à son existence, plus il a de lousse pour agir.C'est pourquoi Baudelaire a pu dire que la plus grande victoire du diable a été de convaincre qu'il n'existe pas.
L'hypocrisie dans l'Église
Je me demandais si cet article dans l'édition française du Huffington Post valait la peine d'être commentée, tellement je le trouve farfelu, mais c'est l'occasion de traiter un autre sujet plus important. L'article parle d'un historien, John Boswell, qui affirme que l'Église catholique aurait déjà marié des homosexuels. Le titre seul me dit que ça ne vaut pas la peine, c'est une proie trop facile. Ça me rappelle ceux qui font remarquer qu'il a déjà eu des papes avec des maîtresses: et alors? Je concède sans la moindre bataille que l'Église a des problèmes sous-jacents d'hypocrisie. Même si l'article était fondé dans les faits (et l'auteur de l'article a bien démontré que c'est est loin d'être acquis), cela n'aurait pas d'incidence sur ce que l'Église enseigne, car sa doctrine demeure fondée dans la révélation divine malgré les agissements contradictoires de certains membres du clergé.
Paradoxalement, ce ne sont pas les voix progressistes dans l'Église, tels que les curés Gravel, qui font remarquer ce décalage entre la théorie et la pratique. Eux, ils prétendent que la révélation divine n'existe pas vraiment, ou si elle existe on peut la modifier pour qu'elle se conforme à la pratique. Ainsi, il serait possible, selon eux, de changer les positions officielles de l'Église sur l'homosexualité, l'avortement, etc., pour les ramener au niveau de la moralité ambiante.
L'historien qui prétend que l'Église aurait marié des homosexuels appartient sans doute à cette première catégorie de gens, c'est-à-dire ceux qui ne voient rien de divin dans ce que l'Église enseigne. Comme ce sont des enseignements humains, on peut les changer. La preuve est que l'Église aurait déjà accepté de faire ce changement dans le passé.
De l'autre côté, vous avez les arriérés comme moi qui affirmons que la révélation divine existe et nous ne pouvons pas la changer, puisqu'elle provient de Dieu. Dès le moment où l'on s'identifie au christianisme, on s'identifie à cette révélation. Si notre vie n'y est pas conforme, on est hypocrite. Sur ce point, je ne tente pas de défendre l'Église. Elle est bourrée de gens qui prétendent être des Catholiques mais qui font le contraire de ce que l'Église enseigne. C'est quand on accepte de regarder la réalité en face qu'on peut commencer à régler les problèmes, en commençant par le scandale de la pédophilie.
Les vrais complices de l'hypocrisie sont les progressistes qui refusent d'admettre cette hypocrisie. Les gens qui agissent de la sorte pensent qu'ils ne font rien de mal. Comment peut-on reprocher à un prêtre d'avoir des pulsions sexuelles? Ce n'est pas de sa faute, disent-ils, s'il doit évoluer dans un contexte où l'on réprime ses besoins animaux irrépressibles.
Ce n'est pas un hasard si les évêques qui ont protégé les prêtres pédophiles sont pratiquement tous des ultra-progressistes comme le Cardinal Mahoney. Ces évêques ne croient pas que ce qu'ils ont fait est mal en soi parce qu'ils ne croient pas à la révélation divine. Ce qui fait d'eux des hypocrites, c'est qu'ils continuent à s'identifier au catholicisme malgré leur incroyance.
Que des membres du clergé aient déjà "marié" des homosexuels est peu probable, mais ce n'est pas impossible. Si on cherche assez longtemps, on trouvera probablement un prêtre qui sera prêt à marier un homme et son chien. C'est que l'Église est composé de beaucoup de prêtres hypocrites. Mais cela ne change rien à la vérité de ce que l'Église a toujours enseigné et continuera d'enseigner dans l'avenir.
jeudi 1 août 2013
Le double standard
Un journaliste d'affaires religieuses assez connu, Philippe Vaillancourt, nous écrit que les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) à Rio posent un problème moral en raison de leur empreinte écologique et des sommes dépensées par les diocèses, souvent à court d'argent, pour envoyer des jeunes à ce rassemblement.
C'est la première fois que j'entends quelqu'un critiquer un événement quelconque pour de telles raisons. Je n'ai jamais entendu personne critiquer pour ces raisons le concert de Rod Stewart à Rio en 1996 qui a attiré 4.2 millions de personnes, ou les 1.8 millions qui se sont déplacés pour l'inauguration de Barack Obama en 2009.
Il y a donc un double standard. Ce qui va pour le monde ne va pas pour l'Église. Et je ne m'en plains pas! C'est tout à fait normal. C'est l'évangile qui a imposé ce double standard.
Sur la question de fond, à savoir s'il est immoral de tenir de tels rassemblements en raison de leur empreinte écologique, je peux certainement admettre que c'est une possibilité. Il y a des problèmes moraux à ne pas respecter l'environnement.
Donc, si on admet l'immoralité de cette pratique (je ne suis pas tout à fait certain), on peut facilement concevoir que l'Église doive se poser des questions sur les JMJ.
Le double standard existe. Il est imposé d'une part par le monde, qui pointe l'Église du doigt à la moindre contradiction entre ce qu'elle dit et ce qu'elle fait. Mais surtout, il est imposé par l'évangile qui demande la perfection.
""""""""""dérive"""""""""?
Réaction à l’article
de Richard Martineau « Établir les priorités » publié dans le Journal
de Québec de ce matin, 1er août 2013. Cet article, comme tous ceux de ce blogue, a été envoyé au chroniqueur ici visé.
C’est
quelque chose de piquant de voir Richard-Cœur-de-Lion Martineau enfiler
quatre paires de gants blancs pour proclamer sans-crier-trop-fort-pour-ne-pas-réveiller-les-enfants
qu’il y a peut-être des dérives dans le programme de procréation assisté. S’il
y est des vérités trop hautes pour qu’il soit permis de les répéter ici bas
(2Co 12,4), il doit y en avoir d’autres à peine moins élevées qu’on doit se
contenter de chuchoter. La possibilité (qu’il était absolument impossible de
prévoir), de la probabilité de l’existence potentielle de telles dérives doit
en être une. Il ne faudrait pas cependant que les gens qui auraient pu faire
des demandes ayant mené à des actions que l’on qualifie maintenant de
« dérives » se sentent mal-à-l’aise. (Les guillemets ne sont pas de
moi, ils sont du Journal de Québec dans son édition d’hier) Cependant, en bon père de famille qui sait user de tendresse en temps
opportuns, Richard nous explique, avec l’à-propos que donne l’expérience de
celui qui a vu, que le programme n’a pas été mis en place pour les couples
homosexuels mais pour les couples infertiles.
Ayoye!
Je rappelle
que le mot « Apocalypse » signifie « Révélation » en grec.
Évidemment
que des dynasties sont tombées pour moins que ça. D’où la délicatesse dont il convient
de faire preuve dans des circonstances aussi tragiques. Mais vous imaginez les
déchirements? D’abord, il faut que Richard use de finesse. Ce n’est pas sa tasse
de thé, on le sait, et c’est pour ça qu’on le lit. Mais là, imaginez-vous, des
gens de la communauté homosexuelle pourraient être froissés. Richard nous a
souvent révélé qu’il avait des amis homosexuels, privilège rare que ne
sauraient partager cette plèbe à qui il s’adresse et qu’il s’est donné la
mission d’élever.
Et l’on se
prend à rêver d’avoir nous aussi, un jour, des amis homosexuels pour y faire
subtilement allusion lors des conversations avec les collègues de travail et
autres personnes que l’on voudrait éventuellement impressionner. « J’en
parlais justement l’autre jour à mon ami homosexuel… » Mélange d’étonnement, d’approbation et
d’envie dans les regards : voilà certes un homme ouvert d’esprit.
Évidemment
que si vous êtes catholique, il ne faut pas y compter. D’ailleurs pour
compenser cette retenue dont il a fait preuve, pour nous convaincre qu’il n’est
pas en train de se ramollir et nous rappeler à quelle enseigne il loge, Richard
revient sur l’héroïque sévérité dont il a fait preuve la veille envers le Pape
François. Bon avouons que ce n’était rien à comparer de celle qu’il déjà eu
envers Benoit XVI… C’était la belle
époque que celle où l’on pouvait bûcher sur ce vieillard affaibli dans
l’unanimité de notre haine collective envers tout ce qui empêche l’humanité
d’évoluer. Mais là, le pape François, il a l’air d’un bon bougre et il attire 3
millions de personnes sur les plages de Rio Janeiro. Il convient de se garder
une petite gêne… Mais ne nous inquiétons pas, il finira par dire une vérité avec assez de force pour qu’on
puisse se permettre de lui tomber dessus à bras raccourcis en gueulant nos
invectives avec le courage d’un hyène affamée devant un antilope infirme. Nous
en ressortirons triomphants et pourront rappeler, quand viendra le temps de
dire avec solennité des vérités de La Palice qui pourraient faire de la peine
aux puissants de ce monde, notre passé de héros de la Résistance et de donateur
à la Société canadienne du cancer. À voir un tel lion se transformer en agneau,
on se dit que le lobby gai n’est pas seulement actif et puissant dans l’Église.
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