lundi 5 août 2013

Fin de la lecture suivie de Faust

J’ai dit qu’on se retrouvait en Enfer une nuit de Sabbat. On est loin des souffrances continuelles de la vision catholique traditionnelle. Ce n’est pas un enfer dont on peut se servir comme d’un repoussoir pour empêcher de faire des gestes irrémédiables. La peur de l’enfer a été un argument non négligeable m’ayant empêché de me suicider à une certaine époque. Ça n’aurait peut-être pas été le cas si j’en avais eu une vision comme présentée ici. Bon, je ne dis pas que ça l’air bien trippant. Seulement ennuyant à mourir, mais nous sommes habitués à cela, nous Occidentaux.

Tellement ennuyeux que je vais passer vite. On croise Lilith… Pas rapport. Ève? Il place Ève en enfer, ce con! Non, il s’agit de sa fille. Mais qui donc? On s'en fout. Théologie bas de gamme.

Comme je disais, Faust voit Marguerite les yeux morts. Méphisto lui dit que c’est une Méduse. Ça semble vrai. Pièce de théâtre. Aucun intérêt. Nouvel acte : Jour sombre.

Faust est outré que Marguerite soit tombé à cause de lui. Il en veut à Méphisto de ne pas lui avoir dit que les choses finiraient ainsi. Marguerite, elle, semble bien soumise à d’horribles tortures.

Imposteur, indigne esprit !… et tu me le cachais ! Reste maintenant, reste ! roule avec furie tes yeux diaboliques dans ta tête infâme ! — Reste ! et brave-moi par ton insoutenable présence !… Captive ! accablée d’un malheur irréparable ! abandonnée aux mauvais esprits et à l’inflexible justice des hommes !… Et tu m’entraînes pendant ce tems à de dégoûtantes fêtes, tu me caches sa misère toujours croissante, et tu l’abandonnes sans secours au trépas qui va l’atteindre.

À quoi Méphisto répond simplement qu’elle n’est pas la première.

Indignation et malédiction de Faust :

Chien ! exécrable monstre ! — Change-le, esprit infini ! qu’il reprenne sa première forme de chien, sous laquelle il se plaisait souvent à marcher la nuit devant moi, pour se rouler devant les pieds du voyageur tranquille, et se jeter sur ses épaules après l’avoir renversé ! Rends-lui la figure qu’il aime ; que dans le sable, il rampe devant moi sur le ventre, et que je le foule aux pieds, le maudit ! — Ce n’est pas la première ! — Horreur ! horreur, qu’aucune ame humaine ne peut comprendre ! plus d’une créature plongée dans l’abîme d’une telle infortune ! Et la première, dans les tortures de la mort, n’a pas suffi pour racheter les péchés des autres, aux yeux de l’éternelle miséricorde ! La souffrance de cette seule créature dessèche la moelle de mes os, et dévore tout ce que j’ai de vie ; et toi, tu souris tranquillement à la pensée qu’elle partage le sort d’un millier d’autres.

Réponse toute logique :

Pourquoi marcher dans notre compagnie, si tu ne peux en supporter les conséquences ? Tu veux voler, et n’es pas assuré contre le vertige ! Est-ce nous qui t’avons invoqué, ou si c’est le contraire ?

Qu’on se le dise maintenant et à jamais : l’Enfer est un choix.

Faust demande à Méphisto de le conduire à elle. Elle est donc encore vivante? Pas clair. Méphisto lui dit que c’est un grand risque qu’il prend.

Faust rencontre Marguerite dans son cachot. Elle le prend pour le bourreau qui vient l’exécuter. Elle implore qu’on lui laisse au moins une dernière fois allaiter son enfant. Elle a donc eu un enfant de Faust. Celui-ci est bouleversé. Il la délivre. Elle le reconnaît. Joie. Mais il ne peut rester ni l’embrasser. Elle doit fuir rapidement. Elle :

Quoi ! tu ne peux plus m’embrasser ? Mon ami, depuis si peu de tems que tu m’as quittée, déjà tu as désappris à m’embrasser ? Pourquoi dans tes bras suis-je si inquiète ?… quand naguère une de tes paroles, un de tes regards m’ouvraient tout le ciel, et que tu m’embrassais à m’étouffer. Embrasse-moi donc ; ou je t’embrasse moi-même !
(Elle l’embrasse.)
Ô Dieu ! tes lèvres sont froides, muettes. Ton amour, où l’as-tu laissé ? qui me l’a ravi ?
Faust insiste. Mais alors elle lui révèle ce qu’il ne semble pas savoir :

Et sais-tu bien, mon ami, sais-tu qui tu délivres ? […] J’ai tué ma mère ! Mon enfant, je l’ai noyé ! il te fut donné comme à moi ! oui, à toi aussi.
Ça ne semble pas trop l’émouvoir. Il la presse de le suivre. Elle répond que c’est plutôt lui qui doit la suivre :

Dehors, c’est le tombeau ! c’est la mort qui me guette !… Viens ! d’ici dans la couche de l’éternel repos, et pas un pas plus loin.

Elle ne veut pas sortir pour vivre dans l’exil et la mendicité. Faust décide dont de rester avec elle. Elle lui dit alors qu’il doit aller cherche son enfant qu’elle a laissé (?) dans l’étang. Dépassé la montagne, sa mère est là assise sur une pierre. Délire. Il veut la sortir de force. Elle se débat et se fâche. :

Je n’ai que trop fait ce qui pouvait te plaire!

Faust :

Le jour se montre !… Mon amie ! ma bien-aimée !

Cantique des cantiques.

Le jour ? oui, c’est le jour ! c’est le dernier des miens : il devait être celui de mes noces ! Ne va dire à personne que Marguerite t’avait reçu si matin. Ah ! ma couronne !… elle est bien aventurée !.... Nous nous reverrons, mais ce ne sera pas à la danse. La foule se presse, on ne cesse de l’entendre ; la place, les rues pourront-elles lui suffire ? La cloche m’appelle, la baguette de justice est brisée. Comme ils m’enchaînent ! Comme il me saisissent ! Je suis déjà enlevée sur l’échafaud, déjà tombe sur le cou de chacun le tranchant jeté sur le mien. Voilà le monde entier muet comme le tombeau !

FAUST.
Oh ! que ne suis-je jamais né !

Job. Puis Méphisto se fait voir et leur dit de se grouiller. À Faust :
Viens ! viens ! ou je t’abandonne avec elle sous le couteau !
MARGUERITE.
Je t’appartiens, père ! sauve-moi ! Anges, entourez-moi, protégez-moi de vos saintes armées !… Henri ! tu me fais horreur !
MÉPHISTOPHÉLÈS.
Elle est jugée !
VOIX, d’en haut.
Elle est sauvée !
MÉPHISTOPHÉLÈS, à Faust.
Viens à moi !
(Il disparaît avec Faust.)
VOIX, du fond, qui s’affaiblit.
Henri ! Henri !

Et ça finit comme ça. On pense à Élie emporté par un char de feu, mais inversé. Elle est sauvée parce qu’elle n’a pas suivi Faust. Pas besoin de sacrement de pénitence, rien. Vision bien protestante.

Goethe a mis quelques décennies avant de donner une suite. Alors ira voir Faust 2 plus tard. Pour le moment je dirai que je suis bien loin d'être impressionné. J'aurais pu lire Job pendant ce temps...

(NDLR: On peut consulter les articles précédents sur Faust: partie 1partie 2partie 3partie 4)

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