mercredi 28 août 2013

La morale scientiste

Notre société est très fière de fonder ses décisions sur la science et la raison. Du moins c'est ce qu'elle pense. Les études scientifiques sont brandies à chaque fois qu'un débat s'engage sur une question, même les questions où la science n'offre aucune réponse pertinente. Sauf lorsque la science offre des réponses qu'on ne veut pas entendre.

Je lis aujourd'hui que le cannabis est dangereux pour la santé, contrairement à ce que l'on croirait à écouter les personnes qui militent en faveur de sa légalisation. Soyons clair: je n'ai rien contre l'usage modéré du cannabis par une personne responsable pour les bonnes raisons (il est assez rare de réunir toutes ces conditions), même si je n'en fais pas usage personnellement. Ce qui me dérange, c'est que dans le débat entourant le cannabis, on a simplement accepté l'opinion de la majorité comme la vérité, ce qui est peut-être inévitable dans une démocratie. Mais la vérité ne se décide pas par un vote. 

La science n'est pas capable de répondre à toutes les questions, mais elle peut nous dire avec un haut degré de fiabilité si une substance est nocive pour la santé. Le problème est que la légalisation du cannabis est l'un des enjeux phares du mouvement progressiste chez les jeunes. Le cannabis est symbolique du style de vie hédoniste et individualiste de la génération X qui exerce un poids de plus en plus grand en politique. Des études scientifiques ne suffiront pas à détrôner cette idole qui représente tout un style de vie. Le chef du Parti libéral du Canada, en déclarant fièrement avoir fumé du pot plusieurs fois depuis qu'il siège au Parlement, sait très bien ce que représente cette substance pour son électorat jeune.

Il en est de même avec de nombreux autres enjeux sociétaux. Des études à profusion démontrent les effets négatifs de l'avortement et de la pilule contraceptive sur le corps d'une femme. Ces études, lorsqu'elles réussissent à se faire publier, passent sous le radar. L'avortement et la pilule sont des enjeux symboliques du féminisme; on préfère faire l'autruche que détrôner ces idoles et remettre en question le féminisme. Qui sait, on serait peut-être obligé par la suite d'étudier l'impact négatif de la garderie sur le développement d'un poupon, l'impact que pourrait avoir sur l'éducation d'un enfant le fait d'être enfant unique, bref tout le modèle de la famille occidentale. On craint ce que la science pourrait nous dire. Dans le dossier du mariage homosexuel, non seulement nous ne sommes pas prêts à examiner l'impact sur un enfant d'être élevé par deux adultes du même sexe, mais le scientifique qui oserait étudier cette question serait immédiatement discrédité et taxé d'homophobe si son étude ne concorde pas avec l'opinion reçue.

Si nous avons réussi à nous libérer du tabac, c'est parce que nous avons accepté de regarder la réalité en face. Nous avons compris que l'abus de cette substance nous causait de nombreux problèmes. Cette émancipation a été difficile en raison du rôle social que joue le tabac. Mais nous nous sommes laissés convaincre par une juste appréciation des faits.

Comme je l'ai mentionné, la science peut nous accorder un éclairage pour apprécier la vérité, mais pour certaines questions seulement. De nombreuses autres questions plus importantes ne peuvent pas être réglées par une étude scientifique. Dans ces dossiers, notre société scientiste est d'autant plus dépourvue de direction qu'elle n'a personne pour lui indiquer la vérité même si elle était prête à l'écouter. C'est le cas pour le dossier de l'euthanasie. Qu'est-ce que la science peut nous dire sur le bien ou le mal d'une telle pratique? Rien du tout. Donc, nous sommes dirigés par l'opinion de la majorité qui se fait influencer par les faiseurs d'opinion (les médias) qui ont leur agenda propre. Il se trouve que seulement 33% des mémoires présentés à la Commission mourir dans la dignité se prononçaient en faveur de l'euthanasie. Donc, parmi tous les experts et toutes les personnes qui ont réfléchi à la question, seulement un tiers pense que c'est une bonne idée. 

Mais je disais que la vérité ne se décide pas par un vote à main levée. Malheureusement, dans une société relativiste, nous n'avons aucune autre façon de décider les questions morales, puisque la science ne nous dit rien sur ces questions. Pourtant, la plupart des gens acceptent encore que le bien et le mal existent. Sans direction morale, la société est un navire ballotté au gré des vents qui finira par s'échouer. C'est évident que nous nous dirigeons vers cette fin, particulièrement lorsqu'on regarde notre taux de suicide parmi les plus hauts en occident et notre taux de natalité parmi les plus bas.

Les sciences physiques ne sont rien d'autre qu'une appréciation raisonnable des faits manifestés dans le monde matériel. C'est le christianisme qui a donné à la science le prestige dont elle jouit et qui l'a perfectionnée en mettant au point la méthode scientifique. De même, la morale est l'appréciation de la valeur du comportement humain. L'antiquité nous a donné un système éthique très développé, mais c'est le christianisme qui nous l'a transmis et qui l'a perfectionné. En fait, le christianisme nous présente le système moral le plus parfait qui soit tel qu'exprimé dans le Sermon sur la montagne.

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