samedi 24 août 2013

Antipoison: l'arnaque de l'utopie athée

Un collaborateur a accepté d'afficher un livre qu'il a écrit en 2008 mais qui dort depuis ce temps sur son disque dur. Le livre s'intitule Antipoison: l'arnaque de l'utopie athée. Il s'agit d'une lecture suivie de Pour en finir avec Dieu de Richard Dawkins (The God Delusion) et du Traité d'athéologie de Michel Onfray. Le tout se termine avec une correspondance à sens unique avec le chroniqueur Richard Martineau qui s'est tenue pendant quelques semaines, en 2007.

Voici un extrait de l'introduction (les mots en italiques sont des extraits du livre de Richard Dawkins):
« Imaginez, avec John Lennon, un monde sans religion... Pas de bombes suicides, pas de 11 Septembre, pas de Croisades, pas de chasses aux sorcières, pas de Conspiration des poudres, pas de partition de l’Inde, pas de guerres israélo-palestiniennes, pas de massacres de musulmans serbo-croates, pas de persécution de juifs, pas de "troubles" en Irlande du Nord, pas de "crimes d’honneur", pas de télévangélistes au brushing avantageux et au costume tape-à-l’œil. »
Imaginez avec John Lennon... Non rien de tout ce qu’il vient d’imaginer parce que rien du tout : l’humanité éteinte par ennui et dégoût de vivre. On jurerait l’argumentaire d’un futur D.I.C. du Meilleur des mondes qui prônerait l’application du système qu’Aldous Huxley décrit génialement, non pas comme un idéal paradisiaque, mais comme un cauchemar, comme la forme idéale du totalitarisme à venir. Dawkins comme Onfray sont des prophètes de ce système futur. Ils attendent son avènement avec la même ferveur que les prophètes de l’Ancien Testament attendaient le Messie. Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin dans la description du meilleur des mondes de Dawkins : « Imaginez... » (Oh! il sait sur qui s’appuyer, notre beau Richard, pour s’attirer la sympathie du lectorat qu’il vise. Imaginez, John Lennon! Est-ce que quelqu’un
ici va oser s’attaquer à John Lennon?) « Imaginez, pas de talibans pour dynamiter des statues anciennes, pas de décapitations publiques des blasphémateurs, pas de femmes flagellées pour avoir montré une infime partie de peau... » C’est tellement beau qu’on se sent poussé à compléter son énumération pour donner un tableau plus général de cet Empyrée uchronique : « Imaginez, pas d’hôpitaux, les pauvres et les malades qui crèvent sur le bord du chemin sans que personne ne s’arrête; la loi du plus fort appliquée systématiquement et donc l’humanité débarrassée de ses membres les plus déficients; imaginez un monde sans Sixtine, sans les messes de Bach et de Beethoven, sans les Cathédrales, ces verrues qui nous cachent le paysage; imaginez Québec, un simple poste de traite devenu un immense La Baie pour approvisionner les Européens en cochonneries. Un monde sans université, sans théâtre... Un monde où nous ne serions plus scandalisées de voir des femmes se faire flageller parce que cette pratique seraient tellement la norme qu’elle ne serait pas plus choquante que celle d’un chien qui mord un facteur. » Le rôle de l’Église dans la mise en application d’institutions aussi banales que l’Université, l’Hôpital et le Théâtre moderne n’est plus à démontrer. J’insiste sur les deux premiers: l’Université et l’Hôpital... Difficile d’imaginer comment pourrait vivre les biologistes et les généticiens sans ces institutions... Et donc on pourrait dire : « Imaginez, pas de Richard Dawkins! » Quoi que bien sûr, un individu de ce type aurait trouvé une autre façon de tout salir, tout comme les hommes auraient trouvé d’autres prétextes que la religion pour s’entretuer, ainsi que l’illustre un demi-siècle de goulags, de maoïsme, et de khmers.

Car on verra bien que c’est ce qu’il est d’abord, notre Richard : un petit salisseur animé d’un orgueil colossal qui transparaît dès les premières lignes de l’introduction.
« J’ai idée – enfin je suis sûr – qu’il se trouve autour de nous une multitude de gens qui ont été élevés dans une religion ou dans une autre qui ne les rend pas heureux, à laquelle ils ne croient pas, ou qui les préoccupe pour tout le mal qui est fait en son nom; des gens qui ont vaguement envie de quitter la religion de leurs parents et qui aimeraient pouvoir le faire, mais qui tout simplement ne se rendent pas compte que c’est possible. »
Si Dawkins avait écrit ces mots dans le Québec d’il y a cent ans, on aurait pu applaudir. Mais, allô! on est en 2008, mon Richard, ce qui fait qu’à part pour les gens pris dans des sectes (mais pour Dawkins le relativiste, il n’y a pas de différence entre sectes et religions), il est assez facile aujourd’hui pour un jeune de dire basta! à la religion de ses parents. C’est même le contraire, aujourd’hui, qui est étonnant : lorsque le jeune décide d’embrasser la foi de ses géniteurs, consciemment, volontairement... Je connais peu de gens qui, à vingt ans, sont encore catholiques uniquement parce que leurs parents le sont. Pas que je ne connaisse pas d’enfants de catholiques qui aient décidé de le demeurer. Dans de tels cas, ce qui s’est passé, c’est quelque chose que Dawkins ne semble pas concevoir : c’est que la religion en question a été bien montrée par les parents. Ils n’ont pas été catholiques uniquement parce que leurs parents l’étaient eux-mêmes sans trop savoir pourquoi. Car alors, il est presque sûr que des enfants d’aujourd’hui vont lâcher. Pourquoi? Parce que les pressions extérieures, du moins ici, au Québec, sont largement antireligieuses. Entrez dans une classe du secondaire et dites : aujourd’hui nous allons parler de la Bible et écoutez la rumeur qui va suivre. Dawkins parle comme si la réaction devait consister en un concert d’applaudissements. Il s’adresserait alors à l’étudiant plus lucide que les autres qui serait fâché devant une telle perspective mais qui n’oserait pas parler de peur de se faire excommunier. En tant que prof, je peux vous dire que c’est exactement le contraire qui est vrai. L’étudiant qui a envie de se faire parler d’Abraham est mieux de ne pas en faire part s’il ne veut pas se faire ridiculiser jusqu’à la fin de son secondaire.

Dawkins a réussi son coup puisqu’il a vendu deux millions d’exemplaire du livre que je m’apprête à décortiquer. Il vient d’arriver en traduction et je lui prévois un succès monstre ici, au Québec. On sait à quel point les Québécois aiment se faire dire qu’ils sont courageux... Qu’ils sont uniques... Qu’ils sont marginaux... Pour reprendre une métaphore musicale, le public de Dawkins me fait penser à une foule qui assisterait à un show soi-disant underground au Stade Olympique... « Quoi, je pensais être le seul à connaître ce groupe à Montréal! » Non, à bien y penser il ne se dirait pas ça... Non, il serait là, au Stade, avec 60 000 personnes autour de lui, et il continuerait de croire qu’il est au premier show que Nirvana a donné aux Fouf en 93 devant une cinquantaine de spectateurs. Courage! leur dirait Dawkins! Vous n’êtes plus seuls. Quoi! vous avez besoin d’un télévangéliste inversé pour prendre conscience de ça? 

1 commentaire:

  1. On croirait lire du Chesterton à son meilleur. Bravo !

    Le Québec a besoin d'hommes courageux.

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